22 novembre 2010

En revenant de Nantes


Il eût été dommage que tu man- quasses les moments forts de mon escapade nantaise. En voici donc quelques-uns :

L'avion : le vol a été secoué par de violentes turbulences. À chaque soubresaut de l'appareil, je voyais la veille dame de l'autre côté du couloir s'accrocher au fauteuil en murmurant des prières (ou des imprécations, je n'ai pas tout saisi). Avant l'atterrissage, une hôtesse est venue me voir pour me demander de soutenir ladite dame dans ce moment difficile. Alors, pendant que l'Airbus faisait les montagnes russes, j'ai raconté ma vie à cette inconnue pour détourner son attention. Tout s'est bien terminé : la pilote nous a posés comme des fleurs à Roissy malgré les grands vents.

L'accueil : ensuite, Thibaud E. m'a pris en charge. Il m'a amadoué en me faisant manger un excellent tiramisu. Le lendemain, pour le trajet en voiture, il avait même prévu de s'adjoindre les services d'un DJ discret mais efficace, Jérôme L., qui nous a proposé un quizz musical. L'autre intermittent du spectacle était une chanteuse débutante, Charlotte V., qui suppléait sa technique vocale défaillante et ses amnésies parolières par une grande conviction d'interprétation. Goldman a failli se retourner dans sa tombe.

La chambre : je suis donc arrivé à Nantes avec un violent mal de tête. Ma chambre était spécialement équipée pour les handicapés. Jusque-là, rien d'extraordinaire (même si je subodorais une pointe d'ironie à mon égard). Par contre, les inscriptions sur la porte coulissante de la salle de bain m'ont un peu effrayé : « Pour votre sécurité, ne pas utiliser le loquet ». Pareil sur la cabine de douche : « Ne pas fermer complètement ». J'ai donc tout laissé ouvert, l'entrée de la salle de bain étant pile en face de la fenêtre. Ce sont les toilettes qui m'ont donné la clé de l'énigme : ce n'était pas le siège surélevé qui fait qu'une fois assis, tes pieds ne touchent plus le sol, mais l'organisation de l'évacuation à la hongroise. Dans nos contrées occidentales, le tuyau se trouve à l'arrière. Dans cet hôtel, comme en Hongrie, il se situait à l'avant, occasionnant une sorte de plate-forme qui, tout en évitant les plouf intempestifs, constitue également un présentoir d'un goût douteux. Mais ça m'a rappelé mon pays d'accueil.

Le jeu : j'ai pris le temps de faire une courte partie de jeu de rôle dans le monde d'Harry Potter avec des débutantes dont je tairai le nom pour ne pas leur créer de problèmes. Comme j'ai de l'expérience en la matière, j'ai voulu me la jouer mais j'ai raté tous mes jets avec application, devenant ainsi le boulet de l'équipe. Pour finir, un horcruxe m'a explosé à la tête. Heureusement que le maître de jeu était bon, lui.

L'entretien : j'ai réussi à mettre le grappin sur le malheureux Pierre Bordage et à passer un peu de temps à lui poser des questions indiscrètes sur sa vie et son œuvre. Dans mon émotion, j'ai perdu tous mes tickets repas et ma carte d'accès, glissés dans une pochette plastique qui s'est sans doute renversée. Thibaud E. a dû m'accompagner à l'entrée pour qu'on m'en fasse de nouveaux.

L'interview : le dimanche matin, je devais me rendre à une interview vers 10 heures. Je débarque donc avec une demi-heure d'avance devant la cité des congrès. Les portes sont fermées. Je n'ai dû mon salut qu'à une troupe de cosplayers parmi lesquels je me suis glissé. Par chance, ils étaient tous habillés en noir et portaient leurs costumes dans des sacs plastiques (moi aussi, mais c'étaient mes affaires pour le week-end). Après, j'ai attendu comme un crétin avant qu'on me fasse comprendre (quelques heures plus tard) que j'étais resté au mauvais endroit. Heureusement, j'avais aussi une table ronde sur l'uchronie. Un bon truc à savoir : le dimanche matin, il vaut mieux ne pas parler trop fort pour ne pas réveiller les spectateurs courageux qui viennent finir leur nuit sur les sièges de la salle.

Oui, à part ça, j'ai signé quelques livres, rencontré des lecteurs, des auteurs, parlé boutique avec des éditeurs, et même écouté une conférence sur le sport. La routine, quoi.

Image : source ActuSF, lors de la conférence sur les vampires et (un peu) les zombies. De gauche à droite, tu reconnais Xavier Mauméjean, ton serviteur, Johan Heliot, Thierry Jandrok et Patrick Imbert.

10 novembre 2010

Utopiales : rappel


Je te résume et complète ce que j'irai faire à Nantes (à part hanter le bar et les stands de jeux) :

  • vendredi : séance de dédicace à 16h ;

  • samedi : conférence sur les Zombies et affiliés à 14h, suivie d'une séance de dédicace à 15h ;

  • dimanche : conférence sur l'uchronie à 10h30, suivie d'une séance de dédicace à 11h30 et puis 12h30.
Allez viens, je t'attends.

8 novembre 2010

Sondage concombre de novembre


Comme le temps passe. Les prix littéraires sont déjà annoncés !

Mais revenons d'abord, je te prie, à notre petit sondage. C'est officiel : la prochaine créature à la mode sera le Rom maléfique (56%), talonné par le Bisounours baveux (34%) et suivi de plus loin par l'incontournable Jean-Claude van Damme (17%). Quant aux poils et aux peaux sèches, ils ne font plus recette : seulement 13% pour le loup-garou velu et 4% pour la momie desséchée (c'est moi qui ai voté pour elle afin qu'elle ne se sente pas trop seule).

Dans le but avoué de rester en phase avec l'actualité, je te propose maintenant de voter pour ton prix des prix littéraires, une sorte de meilleur du meilleur du mieux. Oui, je me tourne vers toi parce que, manifestement, j'ai des goûts de chiottes étant donné que les romans primés par le Renaudot, le Femina ou le Médicis, sont ceux qui m'ont le moins plu. On ne m'y reprendra plus. De toute façon, la critique est toujours trop facile.

Bon, je reprends : voici les romans salués par le Goncourt, et les trois autres précités. J'ai ajouté le Enard parce que c'est mon chouchou et que je fais ce que je veux. Donc :

Quel sera le roman des romans 2010 ?
  • La rate et le péritoine
  • Apostasie abbé
  • Parle-leur de bétail, de foires et d'excédents
  • Dépenses d'impôts
  • Le vit est bref mais le délire sans frein
Oui, j'ai un peu changé les titres, sinon c'était trop facile (tu peux remonter dans le temps et relire les critiques sur le Goncourt, tous les vrais titres son dedans).

PS : Enard vient de recevoir le prix Goncourt des lycéens...

Image : source nouvelobs.com, (c) D.C.

2 novembre 2010

J’ai tout lu la sélection Goncourt 2010 (14) : Mathias Enard, Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants


Comme un collègue a inscrit notre établissement au Prix Goncourt des lycéens, j'ai dû m'avaler les 14 romans de la sélection 2010.

Je ne résiste pas au plaisir de te faire partager mon avis humble et autorisé, que je partage et qui n'engage que moi.


Hasard, j'ai commencé et fini par deux beaux livres. Celui-là, je l'attendais à cause de son titre. Et le style est un ravissement, c'est simple et beau comme du Yourcenar. Malgré la brièveté de l'ouvrage, il y a une véritable construction romanesque (que je ne te détaillerai pas ici mais que tu découvriras à la lecture).

De quoi s'agit-il ? Michelangelo est appelé à Constantinople pour construire un pont sur la Corne d'Or alors que le projet de Leonardo a été refusé. On assiste à l'errance de l'artiste dans la ville et à la mise en place de son travail.

On sort grandi de ce genre de roman, on se sent artiste, on se sent cultivé ; des pans de la beauté et de la richesse du monde nous été révélés un court instant avant que l'on ne referme le livre. Reste l'envie d'y retourner.