27 octobre 2021

Unlock ! Echappe-toi du musée est paru


Je me rends compte en rédigeant cette note que je n'avais pas signalé la sortie du tome 2 ! Honte à moi ! Je reprends donc. Il y a un an sortait le premier roman d'une série Unlock! Les Escape Geeks (illustrée par Gilbert Han). Il s'agissait d'une adaptation en roman du célèbre jeu de Cyril Demaegd (qui vient d'Argenteuil, j'en profite pour saluer mes anciens élèves de JVD).

Un an plus tard, nous en sommes à une trilogie. Après s'être enfuis des catacombes de Paris, et du cimetière du Père-Lachaise, les Escape Geeks doivent s'enfuir du musée du Louvre. L'intrigue progresse puisque, après avoir découvert l'existence d'une secte baptisée Odal qui cherche à s'emparer des pouvoirs de Merlin et avoir rencontré un autre groupe prêt à les aider, les personnages sont lancés sur une piste au Louvre. Est-ce que les pouvoirs de Merlin se trouvent là-bas ?

Franchement, à chaque fois que je travaille sur un roman Unlock!, j'ai l'impression que c'est le dernier et que je vais échouer à trouver de nouvelles énigmes. Mais pour l'instant, j'arrive à remonter en selle et la série s'étend. Sache qu'au moment où j'écris ces lignes, je prépare la suite qui pourrait donner lieu à une nouvelle trilogie, plus magique...

D'autre part, tu verras au dos du livre qu'on annonce un (vrai) scénario Unlock! avec les Escape Geeks pour novembre. Alors, ce scénario est écrit (par moi) et illustré (je n'ai pas encore le nom de l'illustrateur) et testé. Il a été entièrement revu et corrigé par les Space Cowboys. Mais il n'arrivera qu'en mars prochain. Les Escape Geeks devront cette fois s'échapper de la tour Eiffel ! Je t'en reparlerai le moment venu car ce sera un événement pour moi.

Enfin, autre source de joie : les premiers romans de la série commencent à sortir en langues étrangères : j'ai déjà une édition néerlandaise et une allemande à la maison. Une édition en italien est annoncée pour novembre. Et d'autres devraient suivre. Je ne boude pas mon plaisir, tu penses bien.

10 octobre 2021

Il y a dix ans : Le Miroir aux vampires 1


Tout a commencé aux Imaginales de 2010. Je crois que Thibaud Eliroff m'a présenté un certain Benjamin Kuntzer, directeur de la collection Baam ! chez J'ai lu. On a discuté et rapidement sympathisé. Il faut savoir que l'humour très noir de Benjamin me convient tout à fait. On a discuté projets et je lui ai dit que j'avais bien envie de travailler sur des vampires. Par contre, étant déjà occupé par L'Apprentie de Merlin, je n'avais pas envie de me lancer dans une seconde série en parallèle. Il était d'accord.

À cette époque, je venais de lire Twilight, prêté par une de mes élèves à Budapest. Autant j'avais trouvé le premier roman plutôt sympa (malgré quelques réserves que je t'exposerai plus loin), autant la suite m'a de plus en plus répugné jusqu'à cette scène du tome 3 qui mêle discours anti-IVG, pédophilie, zoophilie et nécrophilie (en gros, un loup-garou tombe amoureux d'un bébé mort-vivant dont on a préféré tuer la mère plutôt que d'interrompre la grossesse fatale).

En tant que fan de Buffy, j'avais identifié un grand nombre de rapprochements entre les deux intrigues : une adolescente dont les parents sont divorcés part s'installer avec l'un des deux parents dans une ville éloignée et tombe amoureuse d'un vampire qui l'aime en retour parce qu'elle possède un pouvoir spécial. Ce que je t'ai dit convient tout aussi bien aux deux histoires. Sauf que là où Buffy est une série foncièrement progressiste, Twilight est profondément réac. En gros, Twilight c'est du Buffy de droite. En moins bon.

Bref, un peu atterré par le fond politique du cycle, j'avais envie d'écrire de vampires où ces derniers seraient de véritables nazis, des choses à la fois séduisantes et nuisibles. Pour développer mon propos, je me suis appuyé notamment sur les expériences de Milgram et surtout sur La Vague pour montrer comment on pouvait faire basculer tout un établissement scolaire.

Mon but était également de montrer vraiment comment fonctionnait un établissement scolaire afin de donner un fond de réalisme à l'ensemble. On suit ainsi tout le calendrier de l'année scolaire, on assiste à des conseils de classe, des conseils d'administration et même des extraits de cours. Afin de donner plus de profondeur, j'ai utilisé mon expérience de lycéen à Compiègne. J'ai ainsi créé le lycée Augustin-Thierry en me fondant sur le mien.

C'est la première fois que je me suis autorisé à utiliser du matériau autobiographique. Jusque-là je jugeais que c'était que facilité pour personnes en manque d'imagination. Je le pense toujours : j'ai choisi la facilité. Pour l'anecdote, j'ai été invité quelques années plus tard dans mon établissement pour parler de ce livre où je décrivais les relations entre les élèves façonnés par une éducation bourgeoise et provinciale, avec tout ce que cela entraine d'esprit étriqué et mesquin. Les élèves à qui j'ai parlé à cette occasion m'ont dit que rien n'avait changé depuis mon séjour, quinze ans plus tôt.

Cependant, pour aborder le thème vampirique, je cherchais un angle pas trop exploité. Celui du miroir s'est imposé : on dit toujours que les vampires ne s'y reflètent pas mais on ne nous dit pas pourquoi. Le roman me permettait d'inventer une explication centré autour de ce motif (d'où le titre). En plus, je pouvais aborder des thèmes liés comme l'image renvoyée, ou bien le double. L'amusant, c'est que dans ma documentation, je suis tombé sur les écrits de Jean Marigny que j'ai eu l'opportunité de croiser un peu plus tard. J'ai pu lui montrer qu'il était mentionné dans le roman.

Quand j'ai déclaré à Benjamin que j'allais rédiger le roman comme une longue lettre de l'héroïne lycéenne à sa grande sœur, il a eu un peu peur. Il n'était pas certain que ce soit crédible que je parle en tant que Léa Cirois, dix-sept ans. Je l'ai rassuré et lui ai soumis assez vite quelques pages pour montrer que cela ne me posait pas de problème. Au contraire, c'est une pente naturelle chez mon moi écrivain.

En le relisant, j'apprécie toujours son côté chronique lycéenne. Cela participe de son charme. Mais que c'est long ! Je ne me suis pas ennuyé mais je pense que beaucoup de lecteurs ne supporteraient plus une telle lenteur et une telle profusion de détails sentimentaux qui noient l'intrigue. Si je le reprenais (et j'en ai bien envie), je le raboterais sans doute d'un bon tiers, un peu comme j'avais fait pour la réédition de mon premier roman Le Syndrome Eurydice.

Il le mériterait parce que je trouve que l'ambiance reste prégnante, que l'intrigue est vraiment sympa et que l'univers développé mérite le détour. Un jour, j'en proposerai une intégrale. Oui, parce que, bien sûr, contrairement à ce que j'avais dit à Benjamin, je ne me suis pas arrêté à un tome. Mais ceci est une autre histoire...