22 février 2022

Compagnons est paru

Il sort demain en même temps que le film éponyme dont voici la bande-annonce. En effet, il y a d’abord le film réalisé par François Favrat sur un scénario de lui-même et Johanne Bernard.

L’histoire ? Naëlle, une jeune de la banlieue de Nantes, galère en formation pour échapper à la délinquance. Son seul moyen d’évasion, ce sont les graffs qu’elle sème dans la ville. Son chemin va croiser celui d’un compagnon du Devoir spécialisé dans le vitrail. Et c’est la révélation... Comme tu t’en doutes, l’histoire ne s’arrête pas là parce que nombreux obstacles vont se dresser sur sa route.

Il y a deux ans, j’ai été contacté par les éditions Fayard pour écrire la novélisation du scénario. Tu me connais, j’ai dit oui tout de suite. En plus, la banlieue, la débrouille, les jeunes, ça me parlait notamment après mes années d’enseignement à Courcouronnes et Argenteuil.

Mais ce qui me plaisait aussi, c’était qu’on évitait le côté misérabiliste et qu’on mettait en avant le travail manuel. Là aussi, en tant qu’enseignant, j’ai vu quel mépris pèse sur les professions manuelles alors qu’elles recèlent leur propre forme de beauté et même de grandeur (et leur dangerosité aussi).

Je me suis mis au travail. On m’a donné les coudées franches pour adapter ce que je voulais. Néanmoins, j’ai essayé de rester le plus fidèle possible au scénario, sachant que j’ai été informé du casting assez vite, puis de la bande-annonce. J’ai eu un entretien rapide avec le réalisateur qui était au milieu d’essais avec les jeunes acteurs potentiels. Cela m’a permis de croiser Pio Marmaï qui venait pour des essayages.

J’ai eu besoin d’imagination et de documentation pour remplir ce qui me manquait. Dans un film, beaucoup d’informations passent par l’image sans qu’on ait besoin de s’appesantir. Moi, j’avais besoin de creuser parce que ça ne serait pas passé dans un roman.

J’ai une ancienne élève, Salomée Ebibi, qui est maintenant sculpteuse de verre qui m’a donné des indications vers les vitraillistes. Cela m’a permis de passer une demi-journée chez France Vitrail International où j’ai été reçu par Éric et Claude Bonte, ainsi que leur équipe. C’était passionnant ! Le roman a également été relu par Aurélie Règue, qui est la première femme compagnon vitrailliste. Je n’ai pas eu le temps de l’ajouter dans les remerciements, mais j’ai pu la rencontrer à l’École du verre où elle enseigne. Difficile de ne pas être ému par le magnifique travail réalisé par toutes ces personnes.

Le livre a été écrit en 2020 et le fil tourné à la même période. La sortie a été repoussée à plusieurs reprises à cause de la pandémie. J’ai pu assister à une projection privée au printemps dernier (il y a aussi une avant-première ce soir). Franchement, le film est très bon. Pas de temps mort, un subtil équilibre entre galère et espoir, les acteurs sont excellents, à commencer par Najaa qui crève l’écran.

Pour terminer sur une anecdote, Agnès Jaoui, qui joue l’un des rôles principaux dans le film, était au jury du Mobile Film Festival en 2020 quand le Grand Prix France a été remis au film Une nouvelle Page (tu peux y aller, ça dure une minute) co-réalisé par... mon frère Benjamin. Le monde est petit, non ?

En tout cas, cornaqué par l'éditrice Éléonore Delair, j'ai eu l'impression de vraiment m'approprier l'histoire sans trahir le scénario originel pour cette première incursion hors des littératures de genre. Il ne me reste plus qu'à te conseiller d'aller voir le film et de lire le roman.

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