29 novembre 2009

The Wire ou la fresque pointilliste


Il y avait longtemps que je ne t'avais pas parlé de séries. Ça tombe bien, je viens de finir les cinq saisons de The Wire (Sur écoute en français mais c'est à regarder absolument en anglais). Diffusée entre 2002 et 2008 sur HBO, l'une des chaînes les plus créatives en la matière (c'est-à-dire Rome, In treatment, Carnivàle...), la série traite du trafic de drogue dans la ville de Baltimore, chaque saison étant consacrée à un milieu : la rue, les docks, la politique, l'école, les médias.

Au début, ça ne fait pas grande impression. L'image est assez terne voire laide, les prises de vue classiques voire triviales. On se dit qu'on va assister à une énième série policière. Erreur. Rapidement, on se rend compte que Baltimore est une ville dont la population est composée aux deux tiers de noirs. On en trouve donc partout dans le casting, du côté des dealers comme des policiers, des pauvres comme des riches, des "gentils" comme des "méchants". C'est une première surprise alors qu'on est plutôt habitué à du blanc avec un noir de service pour le quota ethnique.

La narration ne nous aide pas, au début, à nous accrocher aux personnages. Elle est lente, éclatée, lacunaire, elliptique. Il faut attendre une bonne moitié de la première saison (soit six épisodes) pour réellement devenir accro. On se rend compte que les personnages de dealers et de policiers sont traités exactement de la même manière, avec leurs problèmes de vie quotidienne. L'héroïsation est loin de chaque côté, mais on finit par s'identifier à tout ce monde qui évolue sous nos yeux.

Peu à peu, des trames se dessinent, des figures s'imposent. Mais il ne faut pas s'attendre à voir le bien triompher et le mal être puni. Le réalisme le plus strict est de mise. Certains se sortiront de ce monde du trafic que l'on appelle "the game", et d'autres pas. On nous met en vedette un personnage avant de nous le faire disparaître pour plusieurs épisodes, voire de nous le tuer. Les scénaristes jouent avec nos attentes pour les déjouer sans cesse. Si l'on cherche une fiction rassurante, il vaut mieux passer son chemin.

Même si une cellule de police qui met sur écoute les trafiquants (d'où le titre) sert de lien, le personnage principal est la ville de Baltimore que l'on explore de long en large. Et les différents points que l'on a aperçus finissent par former une fresque gigantesque où les destins individuels prennent des allures tragiques, au sens où celui qui oublie sa condition d'homme (de la rue), subit une punition quasi divine qui le remet à sa place. Voir Stringer Bell ou McNulty par exemple. Encore une histoire d'hubris et de némésis, mais de la plus belle eau. La fin de la série nous renvoie même à un cycle infernal.

L'écriture inventive des auteurs nous surprend toujours avec des idées culottées, sans jamais jouer sur le voyeurisme ou la violence gratuite. Certains dialogues sont particulièrement délectables et drôles. D'autres vous remuent pour un moment. Les personnages sont formidablement joués et restent longtemps en mémoire : Omar, Proposition Joe, Lester, etc... Bref, on tient là un véritable chef-d'oeuvre. Et si tu ne me crois pas, va voir par toi-même.

17 novembre 2009

Pourquoi les vampires ?


Je profite de ce que Homo Vampiris vient finalement de sortir pour te donner la couverture finale ci-contre et te préciser un peu ce que j'ai voulu faire (d'où mon titre).
L'idée de Homo Vampiris remonte à fin 2007. Je m'étais dit que je ferais bien une histoire avec des vampires, notamment à cause de la passion jamais démentie que j'éprouve pour Buffy. Mais là où Whedon opte pour la version fantasy, j'ai préféré revoir le mythe romantique en lui substituant une approche presque scientifique. Une fois trouvé mon point de départ, ma petite originalité sur le sujet (que je ne te dévoilerai pas, il faudra que tu lises le bouquin), je suis parti.
Ma deuxième envie vient du cycle Nephilim que j'avais dû raccourcir. Une petite partie du matériel provient d'idées prévues pour Nephilim. Il en constitue une sorte de complément en reprenant une histoire d'immortels associés pour survivre. Tu retrouveras même un personnage du Syndrome Eurydice, l'inspecteur Nogar que j'aime beaucoup. J'ai aussi été influencé par une autre série, Heroes, dont la première saison (la suite s'est révélée assez décevante) m'a replongé dans un monde de super-pouvoirs. Le mélange entre thriller et vampire vient de là.
Enfin, j'ai pensé ce roman comme formant un diptyque avec Requiem pour elfe noir de John Gregan. On retrouve la même position qui est de raconter les choses selon le point de vue des créatures et non pas des humains. En outre, d'une certaine manière, Homo Vampiris répond à une question importante laissée en suspens dans Requiem, dont il est une préquelle décalée. C'est une façon de montrer comment on en est arrivé à la situation décrite dans Requiem.
Il reste que tu peux le lire sans rien connaître de mes autres bouquins. Ces informations sont juste là pour te montrer les liens que j'ai essayé de tisser avec le reste de ma production Mnémos. En effet, Célia Chazel avait publié tous mes romans chez eux et son départ de la maison marque la fin d'un cycle. La boucle est donc bouclée (tu sais à quel point je suis attaché à la symbolique du cercle). Un nouveau cycle peut commencer.
Dans la précipitation, je n'ai pas eu l'occasion d'ajouter des dédicaces comme j'ai l'habitude de le faire. En attendant les réimpressions multiples et les rééditions de ce futur best-seller, j'en profite pour exprimer mes remerciements à Florence Jourdain pour sa relecture et ses commentaires. Et puis à Michel Levai aussi. Ce roman est dédié à Flo, Maître Atlantéide. Et, bien sûr, pour Anna.

16 novembre 2009

Jordi en Hongrie


Il s'appelle Jordi, il a 68 ans et était en concert au Müpa de Budapest mercredi dernier. Je veux parler de Jordi Savall, le musicien catalan que tu connais sans doute du film de Corneau, Tous les matins du monde, où il officiait à la viole de gambe. Bien sûr, il ne s'arrête pas à la musique ancienne et explore les genres et les époques avec sa femme, Montserrat Figueras, et son ensemble Hespèrion XXI.

Son dernier album tombait fort à propos puisqu'il y était question de rapprochements entre l'Orient et l'Occident à travers l'œuvre d'un compositeur moldave des XVIIe et XVIIIe siècles, Dimitrie Cantemir. Brièvement prince de Moldavie, il a surtout passé une vingtaine d'années à Istanbul, rédigeant au passage et en turc un Livre de la science musicale. C'est principalement des extraits de cet ouvrage qu'étaient tirées les œuvres jouées au concert.

Je ne te parle pas de la beauté, à la fois visuelle et sonore, des instruments anciens, ni même de celle de la musique et du chant. Tu iras écouter toi-même si cela t'intéresse. Sache seulement que le public était dans une attitude proche du recueillement, laissant les musiciens enchaîner harmonieusement les morceaux sans les interrompre par des applaudissements intempestifs. Tout devenait fluide.

J'en viens à la fin où le public a fait un triomphe aux musiciens qui nous ont gratifiés de deux rappels, le second étant un extrait du Llibre vermell de Montserrat, recueil médiéval de chants de pèlerins (si tu ne connais pas, fonce). Jordi Savall a même fait chanter le public au refrain "Avé Maria". C'est la première fois que je vois ça à un concert de classique.

Le premier rappel consistait en une chanson célèbre dans toute la Méditerranée depuis des siècles. Les musiciens l'interprétaient dans ses différentes versions avant de la reprendre tous ensemble. Savall présentait la mélodie en racontant que, lorsqu'ils avaient joué la version turque en Grèce, on leur avait dit : "Non, non, c'est une chanson grecque typique !". Quand ils avaient donné la variante grecque en Turquie, on s'était écrié : "Vous vous trompez, c'est une chanson turque traditionnelle !". Je cite de mémoire et en traduisant de l'anglais la conclusion de Savall : "C'est le problème aujourd'hui, les différents pays ont oublié que, des siècles auparavant, ils jouaient la même mélodie".

14 novembre 2009

Petite contribution personnelle au débat sur l’identité nationale

Qui suis-je ?

Top !

Je suis né en Italie, en Espagne, en Pologne, au Portugal, en Chine et en Hongrie.
Je viens de la Guadeloupe, de la Martinique, de la Réunion, de Guyane. Pondichéry, Madagascar, l'Indochine et l'Algérie m'ont également vu naître.
J'arrive de Corse, de Bretagne et du Pays basque.

J'étais dans le bureau des généraux d'Alger et dans la grotte d'Ouvéa.
J'ai soutenu la collaboration de Pétain et le pacifisme de Jaurès.
J'ai applaudi la Commune en 1870 et les Ligues en 1934.
J'ai suivi Ravachol et Boulanger.

Ma langue contient des mots latins, grecs, gaulois et franciques, mais aussi anglais, italiens, allemands, arabes, espagnols, néerlandais…

J'ai aboli la peine de mort cent dix-sept ans après le Venezuela.
J'ai accordé le droit de vote aux femmes cinquante et un ans après la Nouvelle-Zélande.
J'ai dépénalisé l'homosexualité trente-neuf ans après la Suisse.

Je suis… je suis… ?


Une fiction, bien sûr.

9 novembre 2009

Au fait...


Je te rappelle que je serai en chair et en os (certaines mauvaises langues diraient : "en poils et en cheveux") à Sèvres le samedi 12 décembre à l'occasion des 6e Rencontres de l'Imaginaire. J'arriverai vraisemblablement en début d'après-midi. Ne sois pas en retard et viens nombreux.

Je devrais y avoir mon dernier bouquin à dédicacer, tu sais, celui dont je rebats les oreilles depuis des mois, avec des vampires... Quel est le titre déjà ? Ah oui : Homo Vampiris. Tu auras des nouvelles à ce sujet sous peu.

P.S. : Je t'envoie aussi l'affiche du festival par Caza (clique dessus pour la voir en grand : c'est magique).

7 novembre 2009

En revenant de Nantes


Le week-end dernier, j'avais le plaisir d'être à Nantes pour les Utopiales. Ç'a été l'occasion de rencontrer plein de gens, notamment la toute nouvelle équipe de Mnémos, au complet et remontée à bloc. J'ai pu voir tous mes éditeurs et directeurs de collection (ce qui ne fait pas tant de monde que ça). Et puis une copine qui fait sa thèse sur la science-fiction (quand je l'aurai lue, je pourrai enfin briller en société). Ou encore de visiter une boutique de jeux de société baptisée "Sortilèges" et dirigée par un autre ami (ce qui explique la publicité éhontée que je lui fais auprès de toi, unique lecteur). Et je ne parle pas de tous les habitués croisés plus ou moins longuement...

Bref, avec tout ça, j'ai réussi l'exploit de n'écouter aucune conférence (mon boycott est passé largement inaperçu), de n'acheter aucun livre, de n'en lire aucun parmi ceux qui ont obtenu des prix (par contre j'ai lu sur place le dernier roman de Charlotte Bousquet, La Marque de la Bête, qui ne se laisse pas poser avant d'être terminé et que je verrais bien dans les nominés de l'an prochain), de voir une moitié des expositions en coup de vent, de n'essayer aucun jeu (sauf un chez "Sortilèges"). A quoi ai-je donc occupé mon temps alors, à part poursuivre de mes assiduités les directeurs de collections de poche, traîner dans les restaurants et bavarder au bar ?

Eh bien, j'ai passé une séance de dédicace mémorable, coincé entre Pierre Bordage et les frères Bogdanoff. Le premier est toujours aussi charmant et a même pris le temps de discuter entre deux signatures. Les seconds, au physique pour le moins impressionnant, surtout de près, se sont montrés d'une exquise gentillesse. Maïa Mazaurette, connue pour son blog, a improvisé une séance de dédicace tout en discutant avec les frangins. Au milieu de ces trois poids lourds, je me suis fait tout petit (la photographie ci-dessus en témoigne, merci à Mélanie d'avoir immortalisé ce moment). Néanmoins, leur présence m'a profité car Maïa a eu la délicate attention de me vendre auprès de ses fans. Je ne suis donc pas reparti bredouille.

Sinon, l'activité la plus courue dans les festivals consiste à perdre son temps avec élégance et à donner l'impression qu'on est très occupé alors même qu'on est seul comme un chien. Le mieux est d'apporter un livre à lire ou un manuscrit à corriger (cette deuxième option fleure tout de même son débutant). Certains boivent pour se donner une contenance. D'autres trichent en amenant de la famille, quitte à abandonner leur conjoint dès que quelqu'un d'intéressant se présente. Heureusement le conjoint a encore une possibilité d'échapper à la stigmatisation du solitaire : le nourrisson. Celui-là ne risque pas de vous lâcher. La solution la plus satisfaisante consiste bien évidemment à connaître beaucoup de monde pour éviter cet écueil. Je travaille désormais dans ce sens.

En tout cas, j'ai eu l'impression qu'il y avait beaucoup de monde cette année. et que c'était plutôt réussi. On pouvait même apercevoir Lavilliers dans le salon de l'hôtel. La classe, hein ?

Image : photo de Mélanie Fazi

4 novembre 2009

Sondage neuneu de novembre


J'arrive un peu en retard, mais je reviens à peine de Nantes dont je te parlerai bientôt. Résultats des derniers sondages (18 votants). 44% des gens veulent Jean-Claude Van Damme pour père, 33% lui préfèrent Dark Vador et Amidala, 27% pour le lieutenant Ripley comme mère, 22% pour Thelma & Louise. Tu remarqueras qu'on dépasse allègrement les 100%. C'est parce que certains ont effectué des mélanges surprenants. la famille traditionnel leen a encore pris un coup puisque seulement 5% seulement veulent des parents adoptifs de Superman.

Voici notre nouveau sondage du mois de novembre :

Les extraterrestres se sont enfin décidés à nous envahir. Qui sont les nouveaux maîtres du monde ?
  • E.T. et sa famille
  • Les Aliens
  • Les Predator
  • Les Bisounours
  • Tous ceux-là en même temps pour qu'ils s'entretuent
Je te souhaite une joyeuse fin du monde.

Image : source www.doudou-shop.com, Bisounours Groschéri