19 septembre 2019

Carnet d’auteur : Nixi Turner


J’inaugure avec cette note un nouveau libellé : Carnet d’auteur. C’est une chose que j’ai découverte sur les sites des créateurs de jeux de société où ils expliquent leur démarche dans la création de leurs jeux. Comme cela m’intéresse toujours beaucoup de lire ce genre de textes, je me suis dit que je pourrais faire de même avec certains de mes romans.

Alors, je commence avec la série que je viens de commencer à publier au Chat Noir : Nixi Turner et les Croquemitaines. Je t’ai déjà parlé un peu des coulisses dans une note précédente. Je vais plutôt évoquer les inspirations dans celle-là.

Tout a commencé en regardant un épisode de la série Supernatural qui me plaît toujours autant. J’en étais à la saison 11, quand l’épisode 8 « Nos amis imaginaires » (« Just my imagination » en vo) est apparu. Je me suis dit que cela pourrait être intéressant de traiter un héros comme un ami imaginaire que personne d’autre ne verrait. Seuls les enfants seraient capables de le voir.

Et puis, comme souvent, j’ai repensé à Buffy contre les vampires, cette fois à l’épisode 18 de la saison 2 « Réminiscences » (« Killed by Death » en vo). J’ai pensé alors à faire de mon ami imaginaire un tueur de monstres mais spécialisé dans la défense des enfants.

J’ai donc réfléchi à la manière de procéder. Dans ma tête, il était clair que je voulais un modèle sériel et feuilletonnant, au sens où on aurait un monstre à chaque roman mais avec un arc narratif qui courrait sur toute la série. Je me suis alors inspiré de ce que Charlotte Bousquet avait fait avec sa série de bédés chez Gulf stream avec Stéphanie Rubini qui commence avec Rouge Tagada. Elle prenait une classe de collège et chacun des élèves devenait le héros d’un épisode.

Il faut savoir que je cherche depuis des années à faire que tous mes romans se rejoignent. Je me suis donc en quête d’abord d’un établissement. Je n’ai pas eu à chercher longtemps. J’ai déjà inventé le collège Gustave-Caillebotte, dans le 12e arrondissement parisien. Ce n’est d’ailleurs qu’un décalque du lycée Claude-Monet dans lequel j’ai fait mes années de classes préparatoires.

Ensuite, je devais décider des personnages qui allaient former la classe. Là aussi, je n’ai pas eu à chercher bien loin. J’allais peupler la classe de 6e B de personnages que j’avais déjà présentés dans d’autres romans. Ainsi Nawel est déjà apparue comme héroïne dans Ce stage était vraiment mortel ; Imane a déjà figuré dans Le Miroir aux Vampires (tome 3) ; Chora est l’héroïne d’Asynchrone ; Jennifer est l’un des personnages principaux de mon cycle Nephilim. Quant à Kylian, il est déjà présent comme figurant dans La trilogie Lana Blum et le cycle Panique dans la mythologie (où passe aussi discrètement Nawel). Cela m’a donné envie de faire apparaître le personnage principal de ce dernier cycle que je venais d’achever : Hugo Ponchon. Il a d’ailleurs pris au cours de la rédaction plus de place que prévu.

Il me restait encore à définir mon héroïne et sa mythologie. Là, attention, tu risques de te faire (un peu) divulgacher. Je me suis arrêté rapidement sur les Croquemitaines qui devaient chacun incarner un thème contemporain en rapport plus ou moins direct avec la famille : Baba Yaga le harcèlement, La Goule l’anorexie, Le Père Fouettard les conduites ordaliques, Le Marchand de Sable (en rapport avec E.T A. Hoffmann) l’adoption, Le Roi des Aulnes (le roman homonyme de Michel Tournier m’a bien sûr influencé) la maltraitance. Il me restait à nommer tous ces gens : le terme de Croquemitaine me convenait tout à fait.

Pour les monstres, c’était bon, mais pour l’héroïne, j’avais encore du boulot. Je ne veux pas tout dévoiler maintenant mais sache que son histoire est vraiment au cœur de ce que je développe dans des romans aussi différents que Furor, Panique dans la mythologie et La dernière Odyssée. D’ailleurs, une fois fini mon cycle de cinq romans, j’ai décidé de reprendre, dix ans après, la fin de ce qui devait être une trilogie. Je suis en train d’achever ce gros volume qui reprendrait l’intégrale des aventures de Niréus, rédigeant, après la Dernière Odyssée et Les Gorgônautes, la conclusion : L’Empire des morts.

15 septembre 2019

24 Lunes & des poussières


Voilà deux ans qu’Isabelle est morte.

La date officielle, c’est le 17 septembre 2017. Pour moi, pour quelques autres sans doute, c’était déjà fini le 15 parce qu’on devinait qu’elle ne devait plus se réveiller.

Bêtement, je me demandais pourquoi, ces derniers jours, une espèce de vieux chagrin revenait en force, sans m’avoir jamais quitté.

Et puis j’ai vu la date.

À l’époque, je n’ai rien dit. Ou pas grand-chose. J’ai surmonté ma pudeur le temps de deux discours parce qu’il fallait parler, témoigner de ce qu’on avait perdu avec elle. J’ai vu, j’ai lu avec émotion les témoignages d’affection qu’Isa a reçus à l’annonce de son décès, à son enterrement, puis plus tard, de la part de son compagnon, de ses sœurs, de ses amis, de ses collègues, de ses élèves. Mais je n’ai rien dit de plus.

Tu ne sais peut-être pas qui elle était, cette Mme Périer, cette Isabelle, Isa, ou Zab selon les personnes, alors je vais t’en parler un peu.

Quand je l’ai connue, Isabelle avait déjà ses habits noirs, ses longs cheveux qu’elle avait coupés récemment (elle aurait dû se souvenir de Samson), ses Docs, sa gouaille, sa culture, son intelligence, son goût de l’imaginaire et des jeux, de l’Antiquité.

En vingt ans, je ne peux pas dire qu’elle ait vraiment changé. Elle a tenu le cap, elle a continué à faire ce qu’elle aimait, ce en quoi elle croyait. Elle jouait. Beaucoup. Elle travaillait. Beaucoup. Elle enseignait. Elle écrivait. Elle lisait. Isabelle suscitait l’admiration, non pas seulement à cause de ses qualités intellectuelles, mais aussi de sa fidélité à elle-même et aux autres.

Mme Périer a été une professeure extraordinaire. Tu ne trouveras pas des masses de ses anciens élèves pour te dire le contraire. Je parierais sur aucun. Elle savait qu’un cours, c’est un show. « String et paillettes », qu’elle disait. Elle savait que c’est un refuge ; en tout cas, que ça devrait l’être. Elle savait qu’il faut être généreux pour enseigner. Elle savait que, quand on fait ce métier, il vaut mieux aimer les gens. Et elle savait s’en faire aimer aussi.

Zab a été, pour moi, une amie extraordinaire, un double au féminin, une presque sœur. J’aimais ce qu’elle aimait et nous avions les mêmes détestations. On a suivi des chemins parallèles, elle au-dessus, bien sûr, normalienne, agrégée, docteure, moi à côté, de l’hypokhâgne au lycée Claude-Monet jusqu’au lycée Julie-Victoire Daubié d’Argenteuil, en passant par la Sorbonne et Nanterre et l’IUFM de Saint-Germain-en-Laye.

Entre nous, il y avait les lettres classiques, évidemment, elle le grec, et moi le latin ; les jeux aussi, elle les jeux vidéo, moi les jeux de plateau ; on se retrouvait toujours autour de la fantasy, de la science-fiction et du jeu de rôle (et d’Hugo). C’est avec elle d’ailleurs que j‘ai découvert le JdR.

Je lui dois tant de choses que je ne pourrais jamais en terminer la liste. Elle m’a fait autant marrer, en vingt ans, qu’elle me fait pleurer depuis deux.

Donc, cette année, je te parle d’elle. Parce qu’elle me manque encore et que je ne me console pas.

Je t’en parle aussi parce que, cette année, les choses ont changé. Je n’ai pas fait ma rentrée au lycée Julie-Victoire Daubié. Je n’ai pas fait ma rentrée du tout. Sans elle, c’était trop dur.

Je n’ai rien dit avant, mais j’ai bossé. Et pas tout seul. On est plusieurs à vouloir que son travail lui survive. Les Héritiers, ce jeu de rôle qui n’a jamais aussi bien porté son nom, elle l’a pensé et peaufiné pendant deux décennies. Aujourd’hui, il va être publié, enfin, au premier semestre 2020.

Elle ne sera pas là pour le voir mais je pense qu’on sera nombreux à vouloir partager ce qui lui était précieux.

Quand Umberto Eco est mort, à moins que ce ne fût Maurice G. Dantec, un autre de ses auteurs fétiches, elle m’avait dit tristement : « Et voilà un corpus qui se referme. » J’aime à penser que son propre corpus reste ouvert, au moins encore un peu.

14 septembre 2019

Nixi Turner Tome 1 est paru

Je te l'annonçais tantôt : mon dernier roman, Nixi Turner contre les Croquemitaines 1. Baba Yaga (oui, le titre est long), vient  de paraître dans la collection d'horreur jeunesse des Éditions du Chat Noir, Chatons hantés. Avec la superbe couverture de Mina M que tu peux voir ci-contre. Il y a aussi des illustrations intérieures.

Tout commence au collège Gustave-Caillebotte, où Nawel fait sa rentrée. Elle est nouvelle, elle arrive de banlieue proche, elle a peur. Et pour cause : une espèce de monstre ressemblant à une horrible vieille dame la harcèle. En plus, une autre élève qui porte des cheveux étrangement argentés, et que les professeurs ne semblent pas voir, s'intéresse à elle, et pas forcément d'une manière positive...

Ce sera une série de cinq romans dont la publication suivra l'année scolaire. Le prochain devrait sortir en octobre.

12 septembre 2019

Nixi Turner en approche

Connais-tu la collection Chatons Hantés ? C'est la collection de roman d'horreur pour la jeunesse des Éditions du Chat Noir. J'ai déjà travaillé sur un projet de ce genre pour Scrinéo pour la collection Roman d'Horreur, à la différence près que cette dernière s'adresse aux lecteurs de 12 ans et plus, tandis que Chatons Hantés est dirigé vers les plus jeunes, à partir de 9 ans, avec une touche gothique propre au Chat Noir.

J'ai été séduit par la collection, déjà en raison de son intitulé, mais aussi en lisant le roman de Pascaline Nolot Les larmes de l'araignée que j'ai beaucoup aimé et que je te conseille. Le dernier élément, et non le moindre, ce sont les illustrations de Mina M.

J'avais déjà travaillé avec Le Chat Noir pour des nouvelles en rapport avec un de mes personnages fétiches : l'inspecteur Ragon (voir Montres enchantées et Bal Masqué où tu trouves aussi des nouvelles de Pascaline Nolot). Du coup, on a fini par travailler ensemble sur un projet de cinq romans.

Le concept, c'est de raconter cinq aventures de Nixi Turner, une tueuse de Croquemitaines, qui se retrouve à protéger les élèves d'une même classe de collège. On passe une année avec eux et chaque aventure présente un nouvel élève et un nouveau Croquemitaine, tandis qu'on découvre peu à peu l'univers de Nixi. Normalement, la publication devrait suivre l'année scolaire, les cinq romans étant déjà écrits.

C'est pourquoi, je te parle dans les prochains jour du premier volume qui sort actuellement.

9 septembre 2019

La première édition du Prix Littérature Jeunesse Antiquité

Je viens de tomber dessus ce matin. C'est le site, devenu association, Arrête ton char !, dédié aux langues et cultures de l'Antiquité, qui l'organise. Je te laisse regarder de quoi il est question, cela s'adresse aux scolaires des cycles 3 et 4. Toutes les explications sur la manière de participer au prix sont .

Rien que pour cela, il fallait saluer l'initiative. mais une seconde bonne raison de t'en parler puisque j'ai un livre dans la sélection : Hugo face au Sphinx. Inutile de te dire que je suis ravi.