31 juillet 2012

Objectif Lozère 6

Après une rude journée passée à lire, glander et manger, il fallait se replonger dans la faune sauvage de la Lozère. Je veux parler du parc des loups du Gévaudan. J’étais bien chaud après lu le bouquin sur la Bête.

Comme on était motivés, on a pris la visite guidée aussi. Après un passage par un enclos à cerfs tristes, une chapelle sans grand intérêt et un musée réduit à sa plus simple expression, je craignais le pire. Mais le guide est arrivé, espèce de John Locke (celui de Lost, pas le philosophe) avec des cheveux et un sac de viande.

Ça a mal commencé parce qu’on nous a dit qu’il faisait trop chaud pour les loups et qu’ils étaient encore en train de digérer la viande qu’on leur avait balancée la veille. On a senti revenir le trip des bisons. Il a fallu attendre mais les loups ont fini par se ramener, indolents.

Le parc a bénéficié de l’association de BB qui leur a envoyé plein de loups récupérés auprès de braconniers. Il y en a de plein de sortes dans le parc. Certains ne cherchent même pas à quitter leur enclos si on laisse la porte ouverte. Le guide était à fond et nous a appris que les loups n’attaquaient pas l’homme, sauf parfois si on se mettait à courir devant lui, ce qui fait qu’il peut nous prendre pour une proie (encore un argument contre le jogging). Du coup, on croit encore moins à l’histoire de la Bête. L’autre truc, c’est qu’il ne faut pas caresser un loup (déjà les chiens je me méfie, alors un loup…) parce que ça signifie pour lui qu’on essaie de le soumettre.

En faisant le tour du parc à pied, on a pu voir des vautours voler dans le ciel. Avec les loups, la forêt et les bisons de l’avant-veille, je me suis dit que la Lozère était un décor parfait pour un western.

Au retour, on est montés sur un piton rocheux appelé le Roc de Peyre, d’où l’on voyait toute la région. De là, j’ai pu voir le Truc de L’Homme et le Truc de Marchastel qui se dressaient au loin. Ça m’a fait rire tout seul.

Ce jour-là, j’ai lu Spiral de Paul Halter chez Rageot. Comme tu l’as compris, j’avais fait une descente chez Rageot avant de partir, mettant la main notamment sur toute la collection Thriller. C’est intéressant de voir comment chacun s’est approprié le genre et en a tiré un livre différent. Dans ce cas-là, une énigme de crime en chambre clos bien ficelée.

J’ai terminé avec Infiltrés de Laurent Queyssi toujours chez Rageot. Une histoire à cent à l’heure avec une course de voitures, de l’espionnage et un héros hacker en fauteuil (je te la fais rapide). C’est rare mais j’ai apprécié tous les bouquins de la collection.

30 juillet 2012

Objectif Lozère 5

Le grand événement du jour, c'était faire de l’aligot. C’est assez simple à réaliser : tu fabriques de la purée avec un peu d’ail en chemise et du lait et du beurre. Ensuite, tu n’as qu’à ajouter de la tome d’aligot fraîche en copeaux que tu laisses fondre en remuant énergiquement. Quand ça file, tu manges avec de la saucisse de pays et de la salade.

Bien sûr, j’étais au milieu de mon opération quand la proprio du gîte nous a invités pour l’apéro. On a tout laissé en plan pour un pastis et un kir. En discutant des vaches Aubrac qui paissaient devant la maison, la proprio nous a appris que John Eliot Gardiner avait passé des vacances ici, notamment pour acheter des vaches spécifiquement Aubrac pour sa ferme en Angleterre. Moi qui suis un grand amateur de vaches, je ne peux que lui donner raison.

Et puis la conversation a roulé sur la bête du Gévaudan, légende locale, qu’on connaît surtout à cause du Pacte des Loups. Quand je faisais remarquer qu’une des victimes répertoriées habitait le village, la proprio a dit que son arrière-grand-mère connaissait la famille en question. La fille était sortie pour aller chercher de l’eau si je me souviens bien. Et elle n’était jamais revenue. On l’avait retrouvée sans tête. Pour la proprio, c’était l’œuvre d’un tueur et pas d’un loup.

Après le deuxième pastis à jeun, je suis rentré un peu éméché. Heureusement, on n’avait qu’une trentaine de mètres à parcourir. Et, puisque tu le demandes, l’aligot était excellent.

Cette journée a surtout été consacrée à la lecture. J’ai bouquiné Le gang du serpent de Hervé Jubert, la suite des Voleurs de têtes, chez Rageot. Franchement, je me suis vraiment marré en lisant le bouquin. L’histoire est vraiment sympa. J’ai passé un excellent moment. Je retiens notamment la scène d’ouverture où l’héroïne dérange un banquet d’académiciens. J’ai pensé à San-Antonio.

J’ai enchaîné avec La Bête du Gévaudan de François Fabre chez De Borée, acheté au musée des bisons la veille. Un ouvrage un peu vieux, écrit par un curé en 1930 mais qui fait le point sur l’affaire. Ce qui est marrant, c’est devoir qu’on a tout imaginé, du loup géant, à la bête dressée (thèse suivie par le Pacte des loups), en passant par le diable et les extra-terrestres. Bon, j’ai ma petit idée sur la question. Si j’ai l’occasion j’en ferai une histoire.

Troisième bouquin de la journée : Les Paralittératures d’Alain-Michel Boyer chez Armand Colin. Cela montre bien les caractéristiques de cette production littéraire. La lecture de ce petit livre permettrait de nombreux débats stériles sur les genres. La partie la plus rigolote porte sur le roman sentimental. Ça m’a donné envie de me lancer dans ce genre décrié.

29 juillet 2012

Objectif Lozère 4

Ce jour-là, histoire de goûter de plus près les joies de la région, nous sommes allés voir les bisons d’Europe de la Margeride. Le parc existe depuis un certain nombre d’années et a ouvert ses portes quand la réserve de Białowieża en Pologne s’est rendu compte qu’elle était la seule en Europe. Du coup, ils ont envoyé quelques spécimens en Lozère.

Pour l’anecdote, je m’étais servi de la forêt de Białowieża pour mon roman Furor, afin d’avoir un modèle de forêt primaire. Au cours de mes recherches, je tombais souvent sur la réserve de bisons qui ne m’intéressait absolument pas à l’époque. Ils m’ont rattrapé là où je m’y attendais le moins.

Pour la visite, grands seigneurs, on a décidé de sauter dans des calèches. La visite guidée était sympa mais on n’a pas vu grand-chose. La guide ne cessait de nous dire que, pas de chance, les bisons venaient de passer dans ce coin-là, que l’heure n’était pas bonne et qu’ils avaient trop chaud et qu’ils se planquaient dans les sous-bois. Pour se consoler, on a regardé les deux chevaux de l’attelage, Pastille et Pogo, qui faisaient le spectacle. Comme Pogo était plus costaud et plus rapide, Pastille n’arrêtait pas d’essayer de le mordre.

Pour finir, on a aperçu quand même quelques dos velus et puis ceux de la visite à pied (voir la photo). Il y en avait aussi un empaillé dans le minuscule musée, celui offert à Mitterrand, rien que ça. En rentrant par le Malzieu, j’ai pu constater que mon nom était célèbre puisqu’un Marius Clavel ornait le monument aux morts.

Question lecture, j’ai terminé ma série dogon avec Dieu d’eau de Marcel Griaule chez Fayard. Les entretiens que l’ethnologue a eus avec Ogotemmêli, le chaseur aveugle, sur la mythologie dogon et son symbolisme. Le bouquin est célèbre pour avoir contribué à montrer que l’homme africain était entré depuis longtemps dans l’histoire de la cosmogonie et du verbe.

J’ai enchaîné avec du plus léger : Les voleurs de têtes de Hervé Jubert chez Rageot. On avait discuté au Salon du livre pour la première fois et je m’étais promis de lire les thrillers qu’il écrivait dans la même collection. J’ai commencé tranquille, prudent. Et dès le deuxième chapitre, j’étais parti. Je t’en reparle demain pour la suite.

25 juillet 2012

Objectif Lozère 3

Comme il faut bien manger, ce troisième jour fut consacré à des courses (tu remarqueras qu'on y va très doucement en vacances) dans la plus grande ville environnante : Saint-Chély d'Apcher. L'occasion de découvrir la faune de l'endroit, mais pas si différente d'ailleurs.

Notre premier contact a été avec une gamine qui hululait littéralement dans le supermarché. J'ai repensé à la voiture hantée et au frigo Dark Vador, mais c'était pire. On l'entendait à trois rayons de distance. Bien sûr, je n'arrêtais pas de la croiser avec mon caddie. Elle n'avait pas l'air d'avoir tête sa tête et pleurait en permanence. Plus tard, je l'ai surprise dans un croisement d'allées alors que la famille tentait de lui faire lâcher les cheveux de sa mère qu'elle tenait à pleine main en poussant des cris de hibou.

J'ai quand même pu m'acheter des lacets, une glacière, de la tome d'aligot et le journal local : la Lozère Nouvelle. J'y ai appris que la boucherie Clavel avait reçu un prix pour le boudin, que les attaques contre les troupeaux par des chiens errants se multipliaient et qu'un festival international de cinéma se déroulait dans la région à mon insu depuis des années.

En rentrant, pour se détendre, on a tenté du badminton en plein vent. Bilan : 1. le volant prend un malin plaisir à se diriger vers les vaches et leurs barbelés ; 2. il ne résiste pas à plus de cinq minutes de jeu peu intense avant de se pulvériser ; 3. il aime se coincer dans le cordage détendu de la raquette. En plus, je me suis planté une écharde dans le pied (je te rappelle que je n'ai plus de baskets).

Côté lecture, j'ai pris mes distances avec le GIGN avec les Contes dogon du Mali par Geneviève Calame-Griaule chez Carthala-Langues O'. Plein de contes de là-bas recueillis et commentés par la fille du célèbre Marcel Griaule. Par contre, je n'ai pas lu la partie sur la langue dogon.

J'ai enchaîné avec La mythologie dogon de Claude Helft chez Actes Sud Junior. Un bon petit résumé des croyances dogon, bien illustré. Comme tu t'en doutes, c'est aussi pour un projet. De nouvelle, cette fois. D'ailleurs, je l'ai écrite en rentrant après cette semaine de jeûne scripturaire.

24 juillet 2012

Objectif Lozère 2

Une fois installés, nous avons découvert que le frigo n'était pas hanté mais produisait une sorte de respiration continue qui n'était pas sans rappeler un Dark Vador au meilleur de sa forme. On s'y est rapidement habitués, au point que, quand parfois le son cessait, on en était inquiets pour lui.

Histoire de commencer ces vacances doucement, on s'est offert une ballade à pied à travers la région. J'avais pris des baskets un peu anciennes qui ont commencé à partir en poussière après quelques mètres. Je me suis retrouvé avec des mocassins et j'ai dû revenir à des chaussures de ville pour la suite.

On aurait dit qu'un parcours avait été prévu pour nous car on a rencontré les propriétaires de deux gîtes des environs où j'étais déjà allé jadis et avec qui on a pu tailler le bout de gras. Cette fois, on a réussi à ne pas se paumer en suivant la rivière. Les nuages étaient toujours là et il nous a plu dessus régulièrement au cours de la ballade. J'ai rarement vu la région aussi verte en juillet, preuve que les précipitations sont bien là.

Toujours privé d'écriture, je me suis consacré à deux livres. Dans les coulisses du GIGN de Daniel Cerdan chez Calmann-Lévy. Assez intéressant, même si, des trois que j'ai lus sur le sujet, ce soit le moins touffu. L'auteur a été notamment garde du corps d'un conseiller de Mitterrand. Il explique également les rapports entre police et gendarmes et revient sur la mort d'Eloi Machoro.

Et puis, Négociation de crise. De la prise d'otage à la scène de ménage de Bernard Meunier chez Mission spéciale productions. Encore un ancien du GIGN. Tu l'auras compris, je me documente pour un bouquin. Celui-là explique comment négocier, mais il est très théorique et finalement peu illustré d'exemples. Mais certains passages sont extrêmement intéressants.

23 juillet 2012

Objectif Lozère 1

Que fait un auteur quand il n'écrit pas ? Il prend des vacances. Histoire de ce changer de la capitale populacière, je suis parti avec mon épouse préférée dans le département le moins peuplé de France : la Lozère.

Au programme, sept heures de route en voiture. Le temps de se planter au départ de la banlieue sud et d'errer sur des échangeurs en travaux, on a embrayé. Peu de problèmes sur le parcours, si ce n'est que mes lacets (oui, ma vie est passionnante) m'ont lâché pendant la conduite et que des fils qui s'entortillent sur une pédale d'accélérateur, c'est pas cool. J'ai dû les changer avec ce qui traînait, soit des modèles 36 fillette.

En arrivant dans le Massif central, alors que la route ne cessait de monter et de descendre, la voiture nous a fait une frayeur en se mettant à hululer toute seule. Après un échange de regards inquiets (la voiture était-elle hantée ?), nous avons trouvé qu'un téléchargement interrompu de morceau de musique s'était terminé sans nous et s'était déclenché dans la foulée.

Après notre arrivée dans un bled tellement paumé qu'il n'apparaît pas sur les cartes et que les gens du coin ne le connaissent même pas, après un petit passage sur chemin de terre juste pour voir (on a vu), nous avons fini par poser nos affaires dans le gîte. Comme c'était la fête nationale, on a cru pouvoir regarder le feu d'artifice tiré depuis la ville voisine. Manque de bol, il y avait une maison pile devant. On voyait juste les reflets colorés sous la couche de nuages.

Comme on m'avait interdit d'écrire pendant cette semaine, j'ai tenu parole mais j'ai emporté des tas de livres (la moitié de mon sac en fait). Ce soir-là, j'ai fini Dans ma bulle par Éléonore Cannone chez Rageot : un journal adolescent à la sauce manga. Très sympa mais j'ai pas encore la suite qui doit sortir au printemps.

Clavelus Tour : Pont-de-Roide et Seloncourt


J'allais oublier de te parler de la dernière étape du Clavelus Tour qui s'est achevé en fanfare avec sans doute la journée la plus sympa de mon périple. Quand j'ai pris le train, j'étais persuadé de partir pour la Normandie. En regardant sur une carte, j'ai compris que j'allais en fait dans le Doubs, soit complètement de l'autre côté (j'étais un peu fatigué).


Je suis arrivé dans une gare TGV ultramoderne et perdue au milieu des champs et ai été pris en charge par la dame de la médiathèque de Seloncourt, directement dans le premier établissement où m'attendaient des élèves chauds comme les braises. On a fait le jeu des questions-réponses avant de se lancer dans un Time's Up spécial Apprentie de Merlin avec des cartes superbes.

Après un passage au resto avec une excellente mousse au chocolat, je suis arrivé dans le deuxième établissement, conduit par le documentaliste (tous les gens que j'ai croisés ce jour-là étaient super cool, enthousiastes et dynamiques). On a fini en émission de télé façon le Grand Journal. Les élèves avaient préparé des sketches, des sujets, la météo, des illustrations. Impressionnant.

Je suis reparti, épuisé mais ravi, fort de cette expérience délicieuse pour la clôture de mon tour. Pour fêter ça, je me suis offert une salade SNCF aux avocats, pamplemousse et crevettes dans ma gare où j'étais en avance. Eh bien, même la salade était bonne ! Il y a des jours comme ça.

Image : source Wikipedia, vue de Pont-de-Roide depuis le site des Roches.