31 août 2010

En revenant de Grenoble


Comme mes nombreux déplacements suscitent à chaque fois une forte émotion populaire, je me sens obligé de te dire deux mots sur mon séjour à la Convention nationale de SF de Grenoble, ce week-end. En vrac, je repense à :

- Gilles Goulet qui m'a accueilli à la gare et transporté partout, ayant même la délicate attention de parfumer sa voiture aux viennoiseries le samedi matin ;

- Roland Lehoucq qui m'a donné son truc pour transformer tous les feux rouges en feux verts (il faut quand même atteindre une vitesse proche de la celle de la lumière) ;

- Jean Marigny dont l'érudition élégante (ou l'élégance érudite) m'a permis de réviser le thème des vampires avant la table-ronde ;

- Charlotte Bousquet, lauréate du prix Elbakin qui est superbe (une couverture de cuir magnifique), avec qui nous avons échangé sur la Bit-Lit de nos rêves ;

- Isabelle dont j'attends de lire la fin de la thèse sur la SF parce que ça va être énorme ;

- Pedro qui a le bon goût d'adorer Joss Whedon ;

- Frédéric, Valérie et Gabriel qui ont lu avec moi des extraits de textes sur les vampires, vendredi soir, éclairés par une frontale, avec un vent contraire, et des complices costumés derrière ;

- René-marc Dolhen qui m'a convaincu d'acheter un petit Notebook (si c'est bien le nom de l'objet) ;

- Bruno Para qui m'a fait découvrir le manga canadien (sic) Scott Pilgrim ;

- Stéphane Gourjault avec qui j'ai des projets improbables de livres vampiriques dont vous êtes l'héroïne ;

- Claire Couturier qui a poussé la conscience professionnelle jusqu'à essayer de m'apprendre les différents massifs qui entourent Grenoble (de mémoire, le Vercors et la Chartreuse, mais j'ai oublié le troisième), tout en mangeant des lasagnes ;

- Ces trois mêmes Bruno, Stéphane et Claire qui ont accepté de servir de cobayes pour tester le jeu Fresco où on rénove une fresque en mélangeant des couleurs ;

- Jerôme Vincent, parce qu'il a la classe ;

- Laurent Gidon qui aime les vampires décadents et déliquescents ;

- Laurent Poujois qui aime les jeux et en parle pendant le banquet du samedi soir (qui n'a pas démérité) ;

- Fabien Fernandez qui, après la vente aux enchères, a affronté courageusement le dédale de Grenoble pour me ramener à l'hôtel avec une copilote défaillante et un GPS pas au mieux de sa forme.

Bon, j'oublie certainement du monde, mais tout ça était bien sympa, à la fois sérieux et bon enfant. Vivement la prochaine édition !

30 août 2010

L'Apprentie de Merlin. Extrait 2/3


Je te rappelle que le tome 1 de l'Apprentie de Merlin, Le Dragon et l'Épée, doit sortir début octobre. En voici un deuxième extrait qui met en avant la figure ambiguë de l'enchanteur. J'ai également essayé de donner à la magie une forme plus rationalisée en la fondant sur les runes et le fait qu'elles étaient tatouées sur la peau.

Le prédateur bondit. Sa mâchoire, cherchant la gorge, se referma sur la paume encore posée contre l'arbre. Ana hurla de peur et de douleur. Les yeux jaunes du monstre étaient tout près de son visage. Elle se débattit violemment et parvint à se dégager. Sans attendre, elle grimpa jusqu'au rameau le plus proche et s'y jucha tant bien que mal. La prochaine attaque ne tarderait pas.
Quand elle scruta de nouveau les environs, Merlin était là, sa longue cape traînant dans la neige. Immobile, il fixait l'animal. Les deux êtres s'affrontèrent un moment du regard. Pendant un instant, les prunelles du loup devinrent grises, presque humaines, tandis que celles de Merlin se faisaient bestiales.
Figés, les adversaires se défiaient toujours. La pierre verte du bâton de l'enchanteur brillait d'une lumière malsaine. Puis le prédateur baissa la tête, vaincu. Un filet de sang coula soudain de sa gueule entrouverte, dégoulinant sur le linceul blanc de la terre. Le loup gémit pitoyablement tandis que le liquide rouge jaillissait en larmes de ses yeux ; la patte courbée, il paraissait supplier son vainqueur.
Le mage demeura impassible jusqu'à ce que la bête eût vomi une sorte de bouillie empourprée et se fût couchée sur le flanc, morte. Alors, l'émeraude s'éteignit et le vent souffla de nouveau entre les branches squelettiques. Merlin fit signe à Ana de quitter son refuge.
Tremblante, elle s'exécuta, chutant à demi, et se présenta, piteuse. Les mots d'excuse s'étranglèrent dans sa bouche.
— Ta main, ordonna-t-il froidement.
Ne sachant ce qu'il voulait, la voleuse lui tendit les deux. Il saisit le poignet gauche, celui qui était blessé, et examina la plaie. Il prit un poignard à sa ceinture et l'approcha de la paume ouverte. Ana n'osa protester : elle avait désobéi, le châtiment était mérité. La pointe du fer s'enfonça dans la peau, traça un sillon à vif. Puis, le mage ajouta un trait opposé à chaque extrémité du segment, en forme de crochet.
Concentré, Merlin rangea son arme avant de se munir d'une fiole aux reflets turquoise. Il l'ouvrit du pouce et en versa quelques gouttes sur la plaie. Il étala ensuite la mixture, mêlant son azur intense au sang de la jeune fille. Ainsi, la paume d'Ana s'ornait d'un dessin semblable aux tatouages du mage.
— C'est une rune de protection, expliqua-t-il en nettoyant le sang avec une poignée de neige. Dirige-la vers tes assaillants et personne ne pourra te faire de mal.
Image : source Wikipedia, Merlin et Viviane, Gustave Doré

26 août 2010

Petit marathon estival des séries – épisode 3 : Supernatural


Certains s'ennuient en vacances. Ce n'est pas mon cas. Mais j'ai un secret : les séries. Voici un petit tour d'horizon des choses que j'ai pu voir en deux mois d'été. Aujourd'hui : Supernatural (1 saison).

Les frères Winchester ont une histoire chargée : quand ils étaient petits, ils ont vu leur mère collée au plafond et brûlée vive par une sorte de démon. Bien sûr, leur père ne s'en est pas bien remis non plus. Il est devenu chasseur de créatures surnaturelles. Il a entraîné Dean, l'aîné, dans son sillage. Sam, le benjamin, essaye de vivre une vie normale. Pas de bol : sa copine se retrouve collée au plafond et… tu devines la suite.

La série fonctionne sur le mode du monstre de la semaine. Les frères Winchester, sur les indications de leur père, se rendent en Chevrolet dans un endroit où se déroulent des événements mystérieux. Outre l'ambiance road movie qui a toujours du charme, on a le plaisir de changer de décor en permanence, ce qui constitue une originalité vis-à-vis de nombreuses séries dont tous les épisodes se situent dans le même pâté de maison.

L'autre côté sympa, c'est de revisiter des tas d'histoires qu'on a pu se raconter, petits, dans le noir, pour se faire peur : Bloody Mary, l'Homme au crochet, la Dame Blanche… Toutes les figures des rumeurs urbaines y sont déclinées, ainsi que d'autres plus locales (le Wendigo) ou plus classiques (le vampire). On flirte avec l'épouvante à de nombreux moments.

Bien sûr, le rythme repose sur l'opposition entre Dean qui est à fond dans l'aventure, et Sam, qui aimerait tout lâcher. Comme tu le vois, il n'y a là rien de très novateur, mais la synthèse est bien opérée et je me prends à espérer que les saisons suivantes (il y en 6 à ce jour) sauront apporter un grain d'originalité pour donner à cette série une autre dimension.

Dernier détail d'importance pour le fan de hard que je suis : tous les pseudonymes que donne Dean quand il se fait passer pour un policier ou autre chose sont des noms empruntés à des membres de groupes de hard rock (on s'amuse comme on peut).

25 août 2010

Petit marathon estival des séries - épisode 2 : Dead like me


Certains s'ennuient en vacances. Ce n'est pas mon cas. Mais j'ai un secret : les séries. Voici un petit tour d'horizon des choses que j'ai pu voir en deux mois d'été. Aujourd'hui : Dead like me (2 saisons).

George, jeune fille de dix-huit ans, un peu paumée, meurt, heurtée par la lunette des toilettes de la station Mir qui est rentrée dans l'atmosphère. Elle devient un Faucheur d'âmes, chargée d'ôter les âmes des défunts juste avant leur trépas et de les accompagner là « où ils doivent aller ». Bien sûr, elle est spécialisée dans les morts accidentelles.

Elle se retrouve dans un groupe de Faucheurs, assez hétéroclite, dont le chef, Reuben, planifie les récupérations d'âmes. Évidemment, l'intérêt de la série repose sur les découvertes progressives que George va effectuer sur son nouveau métier. Là-dessus, on reste un peu sur sa faim, la série ayant été arrêtée après deux saisons, faute d'audience, laissant de nombreuses questions en suspens.

Ce n'est d'ailleurs pas très étonnant. Le ton des épisodes est très étrange, languissant, et pourtant on ne s'ennuie jamais. Loin d'être morbide, l'ambiance est plutôt empreinte d'une douce mélancolie qui n'empêche pas des passages franchement drôles, notamment les variations autour de décès accidentels plus grotesques les uns que les autres.

La vie après la mort apparaît comme une autre vie mais soumise aux mêmes problèmes : les Faucheurs ne sont pas rémunérés et ils doivent trouver de l'argent pour s'en sortir. Et puis, ils ne sont jamais tout à fait détachés de leur ancienne vie, comme en témoigne George qui ne cesse de revenir vers sa famille.

Dernier détail d'importance pour le fan de Princess Bride que je suis : l'acteur qui incarne Reuben est l'immortel interprète d'Inigo Montoya (« Tou as toué mon pèrre, prréparre-toi à mourrirr »).

24 août 2010

Petit marathon estival des séries - épisode 1 : Veronica Mars


Certains s'ennuient en vacances. Ce n'est pas mon cas. Mais j'ai un secret : les séries. Voici un petit tour d'horizon des choses que j'ai pu voir en deux mois d'été. Aujourd'hui : Veronica Mars (3 saisons).

Voilà une série qui se déroule au lycée. Veronica est mise au ban par ses camarades car son père, shérif de la ville de Neptune a osé accuser le grand baron de l'informatique local d'avoir tué sa propre fille. Laquelle se trouve être l'ancienne meilleure amie de Veronica. Le shérif est donc devenu enquêteur privé et sa fille lui donne un coup de main régulièrement.

La force de cette série, ce sont les dialogues et les intrigues, tout à fait bien menés. L'arc de la saison 1 (qui a tué la meilleure amie de Veronica ?) est plein de rebondissements qui maintiennent en haleine. Quant aux épisodes, ils sont en général très bien construits. Les échanges entre Veronica et son père, qui se lancent des piques en permanence, sont tout à fait réjouissants.

L'autre intérêt, c'est la lutte des classes constante dans ce lycée. La ville de Neptune se découpe en deux parties : les riches qui vivent dans le centre et les pauvres en banlieue. Entre eux, c'est une guerre sans merci, dont les coups vont de la brimade à l'assassinat en passant par le procès. Veronica, en partie solidaire des pauvres, cherche en même temps à réintégrer la société huppée qui la rejette.

Le défaut principal, c'est que les personnages secondaires sont sous-employés. Ils n'apparaissent que quand Veronica a besoin d'eux et on ne les voit plus ensuite pendant plusieurs épisodes. A la longue, le procédé est lassant.

Dernier détail d'importance pour le fan de Buffy que je suis : les actrices qui jouent Cordélia et Willow y tiennent de petits rôles récurrents. Quant au divin Joss Whedon, il fait une apparition en petit chef odieux.

20 août 2010

Le Châtiment des Flèches. Extrait 2/3


Je profite du 20 août (on y fête saint Istvàn) pour te livrer un deuxième extrait avant la parution en septembre.

Dans ce passage (trois tueurs attendant un mystérieux cavalier), tu devrais trouver des réminiscences western assumées. Il y en a beaucoup d'autres dans le roman.

En effet, il m'a semblé que la construction d'un royaume chrétien par Istvàn face à des tribus païennes semi-nomades s'apparentait à une "conquête de l'est" par bien des aspects.



Poursuivant sa route, le cavalier avançait de son trot calme, presque lent. Il mâchait en permanence des brins d'herbes dont les tiges dépassaient de la commissure relevée de ses lèvres. Le soleil paraissait grandir dans le ciel de seconde en seconde.

On n'entendait plus que les criquets qui stridulaient dans la chaleur revenue. Leur chant se mêlait au rythme des sabots frappant le sol, au chœur des corbeaux qui émettaient des vocalisations basses et caverneuses. Cette musique nonchalante et funèbre semblait conduire l'homme à sa mort.

Soudain les criquets se turent, les corbeaux s'imposèrent le silence. Le cheval s'arrêta.

Le cavalier faisait face au premier tueur. Une trentaine de pas seulement les séparait. Ils se dévisagèrent longuement.

Zsolt fronçait les sourcils sous le rayonnement intense du soleil. Une goutte de sueur coula devant son oreille, se frayant un chemin entre les poils de barbe drus. Une crispation du visage relevait ses lèvres sur un côté seulement, indiquant une forme de suffisance.

Cependant, l'inconnu ne montrait aucun changement dans son attitude. Patient, il semblait attendre qu'on dégage son chemin, ne remarquant même pas la flèche encochée de l'archer.

Devant l'indifférence de sa victime, Zsolt commençait à éprouver une certaine inquiétude. On le vit lancer de brefs regards à gauche et à droite, comme pour vérifier que ses complices étaient toujours là. Le cavalier ne réagit pas.

Alors, un vague souffle de vent, à peine une brise, souleva un nuage de poussière. Ce fut le déclenchement.

Zsolt redressa son arme et lâcha son trait qui s'envola en sifflant. L'inconnu bascula sur le côté droit sans pourtant tomber de cheval.

Trois cris de douleur déchirèrent le silence.

Le premier était celui de Súr, précipité de son arbre.

Le second avait été poussé par le bâtard sans nom dont le corps s'effondra contre le roc.

Quant au dernier, il trahit la surprise de Zsolt, touché d'une flèche en plein cœur. La violence de l'impact le fit pivoter sur lui-même avant de s'abattre dans la terre sèche.

Le calme revint presque aussitôt sur le paysage à présent écrasé de chaleur. Trois cadavres gisaient, le ventre hérissé d'un empennage sombre. Le trait avait pénétré si profondément dans l'abdomen que la pointe était ressortie dans le dos. Les tueurs, trop sûr d'eux, avaient omis de passer leurs armures de cuir.

Très lentement, le cavalier se redressa sur son cheval. Son expression désinvolte n'avait pas changé et, pourtant, il faisait désormais songer à un lion.
Image : source Wikipedia, Chronique enluminée, vol de la couronne

17 août 2010

La citation du jour

"Je jalouse, je vous l'avoue, l'arrogance de nos voisins, je jalouse jusqu'à leur langue, féroce s'il en fut, d'une beauté qui n'a rien d'humain, avec des sonorités d'un autre univers, puissante et corrosive, propre à la prière, aux rugissements et aux pleurs, surgie de l'enfer pour en perpétuer l'accent et l'éclat.

"Bien que je n'en connaisse que les jurons, elle me plaît infiniment, je ne me lasse pas de l'entendre, elle m'enchante et me glace, je succombe à son charme et à son horreur, à tous ces mots de nectar et de cyanure, si adaptés aux exigences d'une agonie.

"C'est en hongrois qu'on devrait expirer - ou alors renoncer à mourir."

Cioran, Histoire et utopie

13 août 2010

Soleil des Abysses. Extrait 2/3


Voici un deuxième extrait de Soleil des Abysses, à paraître en septembre prochain chez Mango. J'ai joint une représentation du Seaorbiter (celui-ci n'est qu'en partie submersible) qui a été une source d'inspiration pour mon propre sous-marin, la Silience. Dans ce passage, on en apprend un peu plus sur la mission de l'équipage.


Je m'avance et découvre une représentation en trois dimensions de mon sous-marin. L'ensemble se présente comme une soucoupe volante un peu pansue, à laquelle ont aurait ajouté un grand aileron transparent sur le dos et deux autres, plus petits, sur le ventre.

Vues de profils, les nageoires font penser à un arc courbé qui transpercerait un disque. Le résultat est très élégant et rappelle la forme d'un vaisseau spatial. J'écoute à peine les explications du lieutenant, qui vérifie à voix haute que chaque compartiment fonctionne parfaitement.

— On ne dirait pas que le dessin s'inspire du poisson-lune…

C'est Guillaume qui regarde par-dessus notre épaule.

— Matelot, je vois que l'arsenal a besoin d'être mis en route. Vous devriez y aller. Sur-le-champ.

— À vos ordres, lieutenant !

L'homme effectue le salut militaire avec une raideur exagérée et redescend vers les étages inférieurs. Il se déplace avec beaucoup de souplesse.

— Je me demande bien de quelles armes on dispose, grommelle Mathieu. C'est un bâtiment d'exploration des océans, pas un sous-marin de combat !

— Raison de plus pour vous tenir en alerte, major. Nous arrivons à des profondeurs où personne n'est encore jamais parvenu avant nous. Cela demande une vigilance constante. Les Notek ont établi des cartes, mais nous savons bien qu'ils n'ont pas la même manière que nous de voir les choses. On peut s'attendre à des surprises désagréables. Suis-je claire ?

Les deux majors répondent dans un chœur parfait :

— Oui, lieutenant !

— Maintenez le cap et avertissez-nous au moindre problème. Je vous rappelle que nous n'avons que vingt-quatre heures pour remplir notre mission.

Elle montre l'horloge qui affiche à présent :

– 21 : 05 : 32.

— J'imagine que, si on rentre du bal après minuit, on sera changés en citrouille ? remarque Mathieu.
Image : source www.rougerie.com, SeaOrbiter, Jacques Rougerie (2008)

5 août 2010

A travers la toile déchaînée

Je sens que tu hésites encore sur tes lectures de plage. Comme je ne souhaite que ton bonheur, voici quelques critiques estivales de Homo Vampiris, au cas où tu ne l'aurais pas encore lu et acheté en double exemplaire pour l'offrir à des amis reconnaissants.

J'ai donc trouvé ça sur des blogs qui m'étaient jusqu'alors inconnus : deslivresenfolie (celle-là est plus ancienne, mais je viens seulement de tomber dessus ; le bonus c'est que tu as des extraits du bouquin en plus), adalana et xian-moriarty. Ne me remercie pas, c'est normal.

4 août 2010

L'Apprentie de Merlin. Extrait 1/3


Comme promis, voici un extrait de L'Apprentie de Merlin à paraître en octobre prochain chez Mango. Le but avoué est de raconter toute l'histoire de la Table Ronde sous un nouvel angle. Le mythe arthurien étant tellement riche, il a fallu opérer des choix. En plus, ça permet de ménager des surprises à ceux qui connaissent déjà bien la matière de Bretagne. Nous sommes au début, au moment de la première rencontre entre Ana, la future apprentie, et Merlin.


Ana sursauta quand l'étranger ressortit de la bâtisse. Frappant le sol de son bâton, il s'approcha d'elle. Une nouvelle fois, ses yeux verts et bleus se plantèrent dans ceux de la voleuse.

— Sais-tu qui je suis ? demanda-t-il encore.

Toujours muette, elle hocha lentement la tête.

— C'est bien, fit l'homme de sa voix profonde. Maintenant, tu vas me suivre. Tes parents ont accepté que tu travailles pour moi afin de rembourser ton larcin. Comprends-tu bien ce que je t'ai dit ?

De nouveau, Ana acquiesça. Sans attendre, Merlin se détourna et se mit en marche sur le sentier qui menait à la forêt. La jeune fille eut un regard involontaire vers la villa écroulée. Qu'arriverait-il à Bleïz ? D'ordinaire, elle était la seule à s'occuper de lui et il n'avait même pas sept ans. Un élan la poussait à refuser de partir. La fuite était encore possible en courant vers le village. Mais avait-elle vraiment le choix ?

Le pas lourd qui s'éloignait la ramena à la réalité.

Après un instant de perplexité, elle se pressa pour rattraper la haute silhouette qui, déjà, se fondait dans les couleurs brûlées de Brocéliande.

Ils avancèrent vers la lisière du sous-bois. Ana ressentit un irrépressible frisson en pénétrant sous les sombres frondaisons. La température chuta soudain et le soleil disparut derrière les branchages. Les feuilles mortes craquaient sous les houseaux de toile qui lui protégeaient pieds et mollets. Le paysage devenait presque funèbre avec l'ombre omniprésente et froide, les grincements des arbres. La forêt portait le deuil de la saison claire.

Des rumeurs terrifiantes couraient sur son compte. Des créatures minuscules, aussi belles que cruelles, presque invisibles, y habitaient. Elfes, fées, nains hantaient ces bois ; certains murmuraient que des dragons, des ogres et même des licornes s'étaient établis dans ses antres déserts. Heureusement, ce peuple étrange avait pour coutume de ne jamais se risquer dans la plaine. À l'exception de Merlin.
Image : source Wikipedia, Merlin conseillant Arthur, Gustave Doré

3 août 2010

Chose vue 26 : colore

Budapest, place Moscou, milieu d'après-midi.

Devant le départ du bus 128 sont alignés cinq blockhaus miniatures, de six mètres cubes environ, couleur béton moche. Ils doivent servir à évacuer un air quelconque, sans doute celui de la station de métro dont l'entrée se trouve un peu plus loin.

Aujourd'hui, un garçon à dreadlocks et une fille à visière, tous deux portant le même t-shirt noir à logo, se sont attaqués à ces constructions. Le premier bloc a tourné au vert printemps, le deuxième au bleu outremer. Quant au troisième, ils sont en train de le peindre en jaune citron.

A côté des petits panneaux suspendus qui annoncent que la peinture est fraîche, sur un écriteau reprenant le motif des t-shirts, on peut lire : "Ici travaille l'équipe de la ville colorée".

2 août 2010

Merlin revient...


Comme je te l'annonçais tantôt, je viens de finir la relecture du premier tome de mon cycle arthurien, L'Apprentie de Merlin, qui sortira en octobre chez Mango Grands Formats.

L'ensemble devrait être une tétralogie qui retrace toute l'histoire de la Table Ronde, depuis Uther jusqu'à la bataille de Camlaan.

Bien sûr, tu pensais connaître les détails de cette saga, mais c'est pas du tout ce que que tu crois. Ana, la fameuse apprentie, se met au service de Merlin et suit la construction progressive de la Table Ronde dans le royaume de Britannia, assailli par des hordes de Pictes et de Saxons. Elle découvrira ce que l'histoire a oublié... (j'espère que tu ressens ce suspense haletant).

Ci-joint, le premier visuel provisoire de la couverture, trouvé sur amazon.fr. L'illustration définitive doit être dessinée par JULIEN DELVAL (excuse-moi, je sais pas pourquoi je m'énerve comme ça). Et, très bientôt, des extraits de textes pour que tu voies de quoi il retourne.

1 août 2010

Sondage choucroute de juillet-août


Je sais que ça t'a manqué, mais le mois dernier, on a fait relâche pour cause de congés.

Penchons-nous d'abord sur les résultats de notre sondage de juin qui se proposait d'aider le gouvernement à supprimer des postes dans l'Éducation nationale.

Vous êtes 37% à proposer d'élever l'ignorance au rang de matière obligatoire ; 29% sont partagés entre abattre en masse les enseignants et confier l'enseignement à l'armée sous la supervision de JCVD (ce qui pourrait aboutir au même résultat). Frileux, vous n'êtes que 25 % à vouloir rouvrir les mines pour occuper les collégiens surnuméraires et 11% à développer des vidéoconférences pour les maternelles.

Mission accomplie ! J'envoie ces résultats à qui de droit. Maintenant qu'on a bien travaillé, reposons-nous avec la question suivante :

Quel sera le succès de l'été dans les salles obscures ?

  • Ça dégraisse en Grèce (comédie financière)
  • Si c'est un Rom (drame historique)
  • Plate-forme pétrolière, mon amour (thriller écologique)
  • Fume, c'est de l'islandais (film catastrophe)
  • Polygamique ta mère (comédie de mœurs)
Si ça peut aider ton choix, il y a plusieurs films français dans le lot.

Image : source Wikipedia, plate-forme pétrolière.