1 juin 2016

Münchhausen en force

Je ne sais pas si, comme moi, tu as été marqué.e par la vision du film de Terry Gilliam Les Aventures du baron de Münchhausen (1988). Je l'ai vu, sans doute à sa sortie, ou peu après, dans mon village de l'époque, Pierrefonds, grâce à un cinéma itinérant qui projetait les images sur un simple mur blanc. J'en étais sorti ébloui et mon goût du merveilleux a sans doute été forgé en grande partie par cette œuvre.

Presque trente ans plus tard, j'ai eu la possibilité de travailler sur le texte. En effet, à la faveur des nouveaux programmes de français du collège (dont je pense le plus grand mal), on peut néanmoins aborder plus facilement des ouvrages de fantasy et de science-fiction. J'ai donc pu proposer ce titre à Flammarion qui a accepté, à ma grande joie.

Je me suis rendu compte en me penchant sur le sujet que, jusqu'à présent, à de très rares exceptions près (notons au passage l'édition José Corti), les Aventures du baron de Münchhausen sont considérées comme de la littérature jeunesse qui n'appelle donc aucune analyse (c'est bien connu). Mon travail a notamment consisté à mettre en avant la dimension satirique de ces écrits, ce qui explique pourquoi la plupart des adaptations cinématographiques ont utilisé l’imaginaire comme outil critique (Gilliam en particulier s'attaque à Thatcher).

L'autre idée consistait à montrer que ce texte est le résultat de multiples réécritures et interventions qui justifient le fait qu'il n'y ait pas de nom d'auteur sur cette édition alors qu'on trouve souvent ceux de Bürger ou de Raspe qui ne sont en réalité responsables que d'une partie. On peut donc dire que Münchhausen est devenu, de son vivant même, un mythe littéraire.

Dernier élément : Münchhausen se fait vraiment l'avocat de la puissance de l'imaginaire. Du coup, même si l'ouvrage s'adresse aux classes de collège, n'importe quel amateur des littératures de l'imaginaire devrait y jeter un coup d’œil car c'est un jalon trop souvent ignoré (je regrette maintenant de ne pas y avoir pensé au moment de la refonte du Panorama illustré de la Fantasy et du merveilleux où il avait sa place légitime). D'ailleurs, question image, l'édition, qui reprend la jolie traduction de Théophile Gautier fils, bénéficie, outre un cahier photos, de reproductions des illustrations du Gustave Doré. 

Tu as de quoi te faire plaisir. Le livre sort aujourd'hui.

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