
Je suppose que tu as déjà entendu parler de cette série. Personnellement, je n'étais pas extrêmement chaud, ayant trouvé la précédente série d'Alan Ball, Six Feet Under, un peu lourde vers la fin. Mais comme j'en ai entendu pas mal de bien, je me suis lancé.
Le contexte ? Les vampires sont sortis du placard et ont révélé leur existence. Ils militent désormais pour obtenir les mêmes droits que les humains. Ce qui permet aux deux espèces de cohabiter, c'est le True Blood, un sang synthétique fabriqué au Japon.
L'histoire commence de nos jours en Louisiane. Une jeune serveuse télépathe (sic), Sookie, tombe amoureuse d'un vampire centenaire qui essaye de se mêler aux humains. Il s'appelle Bill. Ce qui séduit Sookie, c'est qu'elle ne parvient pas à capter les pensées de Bill et que cela la repose de n'avoir pas à se contrôler sans arrêt.
Raconté comme ça, cela a des faux airs de Entretien avec un vampire (qui se passait déjà en Louisiane et mettait à profit son décor moite jusqu'à la putridité) et avec Twilight (pour le côté romance vampirique à base de télépathie contrariée). Le début de la première saison nous fait craindre le pire puisque tout semble tourner autour de la relation Bill-Sookie. On ne vibre pas forcément parce que Sookie est assez nunuche et Bill un peu falot.
Mais ce serait dommage de s'arrêter là. Rapidement, on perd toute ressemblance avec les modèles précédemment évoqués. En effet, là où Rice et Meyer ont tendance à se prendre au sérieux, Ball se vautre avec délectation dans le second degré. Il commence avec des thèmes profonds comme l'intégration des minorités, la tolérance, le racisme, l'intégrisme religieux, et fait ensuite tout sauter avec un humour dévastateur.
Car True Blood est une série extrêmement drôle. Les vampires sont traités d'une façon triviale, que ce soit sur la manière de se nourrir (le True Blood n'est pas très bon), de transformer son prochain (un jeune vampire peut être une plaie surtout s'il est en crise d'adolescence), d'être immortel (les vampires ont parfois des goûts très kitsch). Par un ingénieux retournement, le sang de vampire est affecté de pouvoirs narcotiques qui en font une drogue de premier choix. Les traqueurs sont aussi traqués.
L'autre bonne surprise, c'est que la série joue à fond la carte du feuilleton. Chaque épisode suit directement le précédent et les saisons s'enchaînent. Les auteurs s'amusent à ménager des suspens énormes à la fin de l'épisode, parfois complètement artificiellement mais cela n'a pas beaucoup d'importance. On se moque de l'enquête sur un serial killer qui n'est qu'un prétexte.
Les personnages secondaires sont un autre atout. Entre Tara qui a toujours le gros mot à la bouche, Sam qui joue les chiens de berger, Lafayette qui deale tout ce qu'il peut, Jason qui saute sur tout ce qui bouge, la série nous décrit la vie du petit bled de Bon Temps (tout un programme) où l'on voit défiler une galerie colorée de figures.
Mais surtout, la série se permet tout. Le sexe et la grossièreté n'y sont pas que des éléments racoleurs mais contribuent à donner à l'ensemble une allure débridée et joyeuse. De même l'imagination ne connaît pas de limites : sont convoqués des métamorphes, des ménades, des loup-garous, des sorcières.
True Blood, comme son titre l'indique (rien n'est plus faux que le True Blood), joue sur les apparences. On ne sait jamais qui sont vraiment les gens, humains, vampires ou autres. Tout le monde se ment, se dissimule. De même, la série joue sur les changements de registre. Même si on a rarement peur, on passe rapidement du rire à l'émotion, grâce à des petits détails très bien pensés.
J'espère que la série va conserver sa liberté de ton, qui me rappelle Buffy contre les vampires version adulte (et je ne saurais trouver de meilleur compliment). Après avoir vu les deux premières saisons (on en annonce au moins deux encore), ça semble aller dans le bon sens.