10 octobre 2020

ll y a dix ans : Soleil des abysses


Un adolescent se réveille au milieu de plusieurs caissons, dans un décor futuriste. Il explore les lieux et découvre qu'il se trouve à l'intérieur d'un sous-marin et que celui-ci est en route vers les abysses. Premier problème : on lui déclare qu'il est le capitaine de ce vaisseau. Second problème : il a complètement perdu mémoire.

Voilà le point de départ de ce roman jeunesse dans la collection Autres Mondes sous la direction d'Audrey Petit. Cela a été ma dernière collaboration avec cette collection car elle s'est arrêtée peu de temps après (je précise que je n'y suis pour rien). Cette histoire fait écho à l'autre roman de science-fiction que j'ai écrit pour Mango : L'Océan des Étoiles. Ils font référence tous deux à une même histoire future de l'humanité : la surface étant de venue inhabitable, les humains se réfugient au fond des océans (Soleil des Abysses) et finissent par quitter la terre pour d'autres planètes océaniques (L'Océan des Étoiles).

Il m'est assez difficile de parler de ce livre parce qu'il constitue un roman à chute (il y a un twist final pour le dire pas en français). Il m'a demandé un gros travail de documentation que je ne peux évoquer puisqu'il déflorerait ce coup de théâtre. Le seul autre roman qui fonctionne d'une manière similaire est Furor, quoique la chute soit moins centrale pour sa compréhension.

Néanmoins, j'ai quelques souvenirs de l'époque à laquelle je l'ai écrit. Je me rappelle deux influences importantes. D'une part, j'avais lu peu de temps auparavant l'intégrale des nouvelles de Philip K. Dick (le nom du docteur Kindred vient de son deuxième prénom, qui renvoie à la parenté). J'avais très envie d'écrire une fiction dickienne où la réalité pose problème. Et si l'on regarde bien, le roman est un concentré de thème dickiens. Tu peux t'amuser d'ailleurs à relever toutes les références aux contes que j'ai glissées dans le texte.

J'avais aussi été marqué par une tribune de Fabrice Colin sur la littérature jeunesse (je ne parviens pas à remettre la main dessus) selon laquelle on devait s'interdire aucun sujet. Cela m'avait lancé sur le thème de mon roman qui est dur. Mais là encore, je ne peux rien en dire. J'avais décidé d'en faire une sorte d'autofiction en donnant des rôles à toute ma famille, mais en utilisant leurs seconds prénoms. D'ailleurs, tu peux retrouver le docteur Kindred dans la dédicace de L'Évangile cannibale, adressé à Dédée, ma grand-tante. Quant à Sara, elle revient dans le rôle de mon épouse dans Le Monde de Lléna.

En le relisant, je me rends compte qu'il est déjà écrit comme un thriller avec le compte à rebours qui rythme les chapitres. L'influence de Dick est indéniable avec son emboîtement de secrets et son jeu sur différents niveaux de réalité. On trouve déjà des thèmes qui me travaillent, comme l'illusion dans la fiction, sa fonction réparatrice et l'imbrication autobiographique. Bref, Soleil des abysses est un jalon pour moi. Il est aujourd'hui épuisé et j'aimerais bien lui donner un jour une seconde chance.

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