
Il sort demain en même temps que
le film éponyme dont voici la bande-annonce. En effet, il y a d’abord le film
réalisé par François Favrat sur un scénario de lui-même et Johanne Bernard.
L’histoire ? Naëlle, une jeune de
la banlieue de Nantes, galère en formation pour échapper à la délinquance. Son
seul moyen d’évasion, ce sont les graffs qu’elle sème dans la ville. Son chemin
va croiser celui d’un compagnon du Devoir spécialisé dans le vitrail. Et c’est
la révélation... Comme tu t’en doutes, l’histoire ne s’arrête pas là parce que
nombreux obstacles vont se dresser sur sa route.
Il y a deux ans, j’ai été contacté par
les éditions Fayard pour écrire la novélisation du scénario. Tu me connais, j’ai
dit oui tout de suite. En plus, la banlieue, la débrouille, les jeunes, ça me parlait
notamment après mes années d’enseignement à Courcouronnes et Argenteuil.
Mais ce qui me plaisait aussi, c’était
qu’on évitait le côté misérabiliste et qu’on mettait en avant le travail
manuel. Là aussi, en tant qu’enseignant, j’ai vu quel mépris pèse sur les
professions manuelles alors qu’elles recèlent leur propre forme de beauté et même
de grandeur (et leur dangerosité aussi).
Je me suis mis au travail. On m’a
donné les coudées franches pour adapter ce que je voulais. Néanmoins, j’ai
essayé de rester le plus fidèle possible au scénario, sachant que j’ai été
informé du casting assez vite, puis de la bande-annonce. J’ai eu un entretien
rapide avec le réalisateur qui était au milieu d’essais avec les jeunes acteurs
potentiels. Cela m’a permis de croiser Pio Marmaï qui venait pour des
essayages.
J’ai eu besoin d’imagination et de
documentation pour remplir ce qui me manquait. Dans un film, beaucoup d’informations
passent par l’image sans qu’on ait besoin de s’appesantir. Moi, j’avais besoin
de creuser parce que ça ne serait pas passé dans un roman.
J’ai une ancienne élève, Salomée Ebibi, qui est maintenant sculpteuse de verre qui m’a donné des indications
vers les vitraillistes. Cela m’a permis de passer une demi-journée chez France Vitrail International où j’ai été reçu par Éric et Claude Bonte, ainsi que leur équipe.
C’était passionnant ! Le roman a également été relu par Aurélie Règue, qui
est la première femme compagnon vitrailliste. Je n’ai pas eu le temps de l’ajouter
dans les remerciements, mais j’ai pu la rencontrer à l’École du verre où elle
enseigne. Difficile de ne pas être ému par le magnifique travail réalisé par
toutes ces personnes.
Le livre a été écrit en 2020 et le fil
tourné à la même période. La sortie a été repoussée à plusieurs reprises à cause
de la pandémie. J’ai pu assister à une projection privée au printemps dernier (il y a aussi une avant-première ce soir). Franchement, le film est très bon. Pas de temps mort,
un subtil équilibre entre galère et espoir, les acteurs sont excellents, à
commencer par Najaa qui crève l’écran.
Pour terminer sur une anecdote, Agnès
Jaoui, qui joue l’un des rôles principaux dans le film, était au jury du Mobile
Film Festival en 2020 quand le Grand Prix France a été remis au film Une nouvelle Page (tu peux y aller, ça
dure une minute) co-réalisé par... mon frère Benjamin. Le monde est petit, non ?
En tout cas, cornaqué par l'éditrice Éléonore Delair, j'ai eu l'impression de vraiment m'approprier l'histoire sans trahir le scénario originel pour cette première incursion hors des littératures de genre. Il ne me reste plus qu'à te conseiller d'aller voir le film et de lire le roman.