23 juillet 2010

Le Châtiment des Flèches. Extrait 1/3

Voici le premier extrait du Châtiment des Flèches à paraître en septembre chez Pygmalion Fantasy. Le passage se situe au début. Il appartient au versant épique (enfin j'espère) du roman. Il y a d'autres versants que j'espère te montrer dans les autres extraits à suivre.


Depuis plus de dix jours, il fuyait dans la plaine.

La steppe souveraine étirait devant lui ses immensités rases, à peine interrompues d'une végétation sauvage. Il n'en voyait rien, il fuyait, effaré, se retournant sans cesse sur son cheval au galop.

Les montures, le poitrail blanc d'écume, s'épuisaient. Elles ne portaient pas seulement le poids de leur cavalier mais aussi celui de la malédiction qui pesait sur le roi déchu. Ce dernier, replié sur lui-même, tressaillait au moindre bruit et rentrait chaque fois un peu plus la tête entre ses épaules. Ce n'était pas une course mais une chute effrénée, un précipice ouvert.

Le cheval trébucha, anéanti. Le souverain roula à terre. Étonné, il cria : « Dieu ! ne m'abandonne pas ! » et se redressa aussitôt. La monture s'allongea, refusa de repartir. Exhalant un dernier râle, elle mourut.

Alors le roi continua à pied. Hébété, il courut dans l'espace clos par le seul horizon.

On était parti à douze chevaliers, avançant le jour, se reposant la nuit. Chaque soir, pour éloigner les bêtes sauvages et distinguer l'ennemi qui les poursuivait, des feux éclatants s'allumaient, qui jetaient au loin des lueurs vives, et ne s'éteignaient qu'au matin. Les guerriers vivaient dans une éternelle clarté mais ils n'apercevaient jamais personne.

Et pourtant, à peine une sentinelle détournait-elle les yeux qu'une flèche jaillie des ténèbres sifflait horriblement et venait se planter dans un défaut de la cuirasse. Les traits ne manquaient jamais leur cible. Ils leur enlevaient un homme par nuit, chaque blessure étant fatale.

Si ses hommes vivaient dans une éternelle clarté, entre les brasiers et le soleil ardent, le roi habitait une nuit sans fin. L'ombre vide l'entourait et ce n'était que par réflexe qu'il tournait ses orbites creuses pour surprendre un ennemi doublement invisible. Il guettait vainement le gouffre horrible, espérant chaque fois discerner une étincelle de lumière.

Ses jambes le trahirent de nouveau.

Il se releva dans un élan désespéré. Sous ses pieds, la steppe jeta encore du sable gris. Il ne s'arrêta pas. La boue des marécages le fit chuter pour la troisième fois. Alors, en tentant de s'extirper du piège fangeux, sa main rencontra la surface tourmentée d'une écorce. Un arbre, un bois, une forêt peut-être !

Le roi se mit à couvert. La fraîcheur de l'ombre lui fit l'effet d'un baume sur son front en feu. Sa bouche était sèche. Il sentait les pleurs de sang dégoutter sur ses joues.

Soudain un timbre, aussi sourd que la terre, s'éleva, comme jailli des entrailles du monde.

« Où crois-tu aller ? »

Image : source Wikipedia, Chronique enluminée, capture de Gyula

6 commentaires:

charlotte a dit…

J'ai hâte de le lire en entier.
Vraiment.

Mazoutos a dit…

Simple curiosité : d'où provient cette enluminure (où l'on peut lire 'pugnat cum Gyula duce transiluano' (sic) ?

CLAVELUS a dit…

C'est marqué en bas du message. Un manuscrit du 14e siècle reprend la plupart des chroniques hongroises en latin et comporte de très belles illustrations, la "Chronique illustrée" ou "Chronicon Pictum" ou encore "Képes Kronika" (en hongrois)

Va voir par là : http://en.wikipedia.org/wiki/Chronicon_Pictum

CLAVELUS a dit…

D'ailleurs, tous les deux, ne vous précipitez pas pour l'acheter : je vous filerai des exemplaires dédicacés en remerciement de votre aide.

Mazoutos a dit…

La peste soit de mon incroyable distraction... Je n'ai pas su regarder où il fallait ! Merci pour l'exemplaire...

charlotte a dit…

Ben en même temps, c'est aussi le genre de roman qu'on a envie d'offrir! Donc je serai ravie d'avoir une dédicace, mais j'espère que tu ne m'en voudras pas si je l'achète aussi pour l'offrir!!!