
Si tu n'y vas, tu ne sauras jamais à quel point c'est sympathico-chouette. Et ce serait dommage, non ?
Le bloc-notes de Fabien Clavel
Je ne résiste pas au plaisir de te faire partager mon avis humble et autorisé, que je partage et qui n'engage que moi.
Encore un livre qui, à mes yeux du moins, n'est pas un roman. Ici, on a une chronique journalistique (j'ai interrompu ma lecture pour vérifier que l'auteur exerçait bien un métier de presse). Ou plutôt une suite de petites chroniques qui se suivent sans se lier les unes aux autres. On dirait un dossier spécial sur la guerre d'Espagne.
Car il s'agit en gros de la guerre d'Espagne. On suit deux personnages à travers le siècle. La documentation est extrêmement impressionnante, tout semble avoir été vérifié. On assiste en parallèle aux démêlés de la famille Gilet (encore des industriels) sans que la sauce prenne. Manifestement, l'auteur, pris par les affres de la reconstitution historique, a oublié d'écrire un roman.
Et puis la fin arrive (encore la Shoah, thème annoncé au début du livre) et on comprend où l'auteur voulait en venir. Et son roman se révèle être une longue et plate introduction à quelques pages fortes et bouleversantes dans leur simplicité.
Je ne résiste pas au plaisir de te faire partager mon avis humble et autorisé, que je partage et qui n'engage que moi.
En rédigeant la fiche, je me suis aperçu que j'avais presque déjà oublié ce roman (pour sa défense, il est très court). Pour te situer, il s'agit du monologue d'un homme qui a travaillé pour une grande famille d'industriels et a assisté au scandale qui a éclaboussé une des femmes du clan.
Pour le reste, ça traite du cynisme des grands capitaines d'industrie (on voit qu'ils sont méchants parce qu'il y a des citations qui nous sont proposées entre chaque chapitre et qui disent tout le temps la même chose : "c'est pas nous"). Il y a finalement un passage obligé par la Shoah. Et puis je n'ai pas compris ce que le dernier chapitre (une lettre) venait faire là.
En somme, j'ai eu l'impression de lire des Bienveillantes qui auraient rétréci au lavage et perdu leurs couleurs.
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Celui-là, pour être franc, je l'ai arrêté au bout de dix pages. J'ai survolé la suite. Le style m'a paru insupportable avec de longues phrases déconstruites et des mots compliqués pour faire genre.
De ce que j'ai compris, l'auteur a pour ambition louable de raconter la construction d'un pont (la quatrième de couverture parle d'un "roman-fleuve à l'américaine", ce qui me semble plus qu'exagéré étant donné qu'un américain aurait consacré le double de pages à tout décrire).
La ville concernée s'appelle Coca (attention, c'est sûrement symbolique) et on passe d'un personnage à un autre. Après, ils commencent à se croiser. Pour moi, c'était trop tard.
5h45
Manu se lève au hurlement du radio-réveil. Il fourrage sa barbe de trois jours avant d'aller s'habiller. Pas le temps pour la douche. Des copies et des fiches d'évaluation traînent sur le canapé : elles attendront encore un peu.
6h05
Manu monte dans le RER bondé qui traverse Paris. Son avant-dernier remplacement le conduisait à Goussainville et Argenteuil. À présent, il doit descendre jusqu'à Courcouronnes, seul endroit où il a trouvé un établissement à peu près décent. Une fois arrivé à la gare de Bois de l'Épine, il lui faut encore prendre le bus 404 qui l'emmène au lycée Michel-Houellebecq.
7h25
Il est le premier arrivé et présente sa carte biométrique à la machine. La porte s'ouvre. Manu passe encore le détecteur de métaux et subit la fouille rapide de l'Auxiliaire de Vie et de Sécurité qui semble à peine réveillé. Le petit déjeuner se compose des gâteaux secs fournis par l'amicale du lycée et du café préparé par la gardienne. Manu renforce le sien d'un peu de rhum, histoire de s'éclaircir les idées.
8h05
La première sonnerie. On entend les élèves se précipiter dans les couloirs. Cela fait comme un grondement sourd. On dirait qu'un fleuve a été détourné dans les corridors. Les collègues, comme à chaque fois, tendent l'oreille, inquiets. On ne s'habitue pas à cette rumeur. Il va bien falloir sortir de son abri.
Image : source Wikipédia, cours de chimie dans un lycée de Bonn, 1988
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À ce stade de mes lectures, je commençais à déprimer quand le roman d'Olivier Adam m'a réconcilié avec le jury Goncourt. Voilà quelqu'un qui sait écrire (parfois, il gagnerait sans doute en force d'évocation en épurant un peu son style, mais ce n'est que mon avis). Les personnages sont campés, les atmosphères bien rendues. Et puis, il y a un peu d'imagination quand même.
Une sœur décide de tout plaquer après la mort (accidentelle ?) de son frère. Elle plante sa famille et part au Japon se ressourcer. Dit comme ça, on craint les clichés mais l'auteur arrive à les éviter en se concentrant sur ses personnages. Ici les retours en arrière sont bien amenés et font progresser l'action. Les quelques mots sur l'entreprise et la famille sont très bien vus.
Un de mes romans préférés de la sélection.
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En lisant ce roman, j'ai pensé à Marc Lévy et sa propension à faire de ses personnages masculins des lavettes inconsistantes. Ici, c'est la même chose : le "héros" est un parasite qui vit aux crochets de ses parents et de sa femme. Il est amoureux d'une fille qui revient après quelques années d'absence.
Je dois avouer que je n'ai pas compris l'intérêt de ce roman dont l'histoire d'amour n'a rien d'original, dont on a envie de gifler le "héros". L'auteur a aussi le chic pour choisir des noms ridicules à ses personnages (impossible de déterminer si c'est de l'ironie ou une manie irrépressible ; je te donne deux exemples : Louis Blériot et Murphy Blomdale pour les rivaux qui se disputent la femme aimée).
S'il y a un discours ou une thèse dans ce livre, je suis allégrement passé à côté.
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Encore un roman à côté duquel je suis passé. Le style ne m'a pas emballé, l'auteur se regardant un peu trop écrire à mon goût, sans que les envolées lyriques touchent au but (cela se trouve déjà dans le titre : pourquoi les étoiles sont-elles insomniaques ?).
À aucun moment, je ne me suis intéressé au destin des personnages. Le héros enquête sur des meurtres en Allemagne, après la chute du Reich et le retrait des armées allemandes. Je suis resté totalement imperméable à ses motivations.
Le sujet choisi (je ne le dévoilerai pas) est fort mais on reste très loin des choses. Ou trop près. Bref, la bonne distance n'est pas trouvée.
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Je n'ai pas grand-chose à dire sur ce roman qui s'oublie aussi vite qu'il a été lu, à la différence des autres œuvres de Nothomb relatant des expériences autobiographiques. Ce n'est d'ailleurs pas vraiment un roman, mais une nouvelle à chute un peu longue. Il ne s'agit pas que d'une question de pages mais aussi de construction. Le genre romanesque développe des structures transversales qui font ici défaut (en tout cas, je ne les ai pas vues).
Sinon, c'est l'histoire d'un G.I. en Irak qui écrit à l'auteur Amélie Nothomb pour lui parler de son obésité (je résume un peu vite, tu ne m'en voudras pas). Le roman consiste en un échange de lettres. Ça commence bien et ça part en quenouille vers la fin.
Lis quand même jusqu'au bout, il y a un passage drôle (moi ça m'a fait rire) quand l'auteur prend l'avion.
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L'auteur a le mérite de la franchise : il s'agit de nous proposer un roman agréable et amusant sur les différences culturelles en racontant le passage d'un petit Marocain au lycée français de Casablanca.
Le contrat est parfaitement rempli. On sourit, on s'émeut aux déboires et découvertes du héros, sorte de Candide perdu dans un monde étrange. C'est un roman à te faire rater ta station de bus (ce qui a failli m'arriver, heureusement je descends au terminus).
Pour le reste, les thèmes sont simplement esquissés, on reste en surface, notamment sur le racisme, les conflits politique. Même si cela se justifie par le fait que l'on voit cela par les yeux d'un enfant, on en attendrait un peu plus.
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Là, on a affaire à un vrai roman (je sais que cette expression pose plus de questions qu'elle n'en résout mais bon). On est au siècle de Louis XV et on suit le destin de deux sœurs dont l'une va sagement au couvent tandis que l'autre se rebelle et part vendre son corps.
La grande force de l'auteur est de faire revivre l'époque d'une façon inédite (en tout cas pour moi). Les portraits des bonnes sœurs, du duc de Richelieu, du père des héroïnes sont extrêmement réussis. La première partie est captivante.
C'est la seconde partie qui m'a coupé un peu dans l'élan. Je n'ai pas bien compris l'intérêt de passer à l'autre sœur, même s'il s'agit de montrer deux destins opposés, révélateurs de la condition féminine. Bref, je suis resté sur ma faim.
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Voici une enquête pour trouver le premier mot de l'humanité. Ça s'étend sur un grand nombre de pages et finit en queue de poisson. Un professeur d'université demande à sa sœur de trouver le premier mot qu'il n'a pas su découvrir lui-même.
On suit donc la frangine qui discute avec tous les gens qui lui tombent sous la main et qui lui apportent des bouts de réponses. Il y a même des petites notes sympas sur l'étymologie, des phrases faites avec des mots étrangers, quelques piques contre notre bien-aimé président.
Tout ça est bien gentil, mais ça ne fait pas non plus un roman. Un opuscule de trente pages aurait suffi. C'est dommage parce que le début est rempli de belles notations sur le soleil et la famille. Mais ça n'a pas suffi à me sauver de la lassitude.
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Tout est dans le titre qui, bien sûr, reviendra dans les derniers mots du roman. L'auteur travaille (ou à travaillé) à France Télécom. Il est spécialisé dans le monde de l'entreprise. Ce que la quatrième de couverture ne dit pas, c'est que l'auteur souffre d'une peur pathologique des verbes conjugués : il met donc partout des phrases nominales ou des verbes à l'infinitif. Pesant à la longue.
Le personnage principal se retrouve à faire le télé-opérateur. C'est pas très humain, c'est répétitif et l'on emploie tour à tour des mots répétitifs, des phrases toutes faites, domestiquées (tu vois où je veux en venir ? Relis le titre). Là aussi, ça devient pesant.
Si l'évocation du milieu est documentée et précise, on reste loin de l'imprégnation qu'on pourrait attendre d'un tel sujet. D'ailleurs, il ne se passe pratiquement rien d'intéressant (en tout cas à mes yeux). Obnubilé par sa thèse (laquelle n'a pas l'air bouleversante de nouveauté), l'auteur a oublié d'écrire un roman.
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Beaucoup d'auteurs utilisent le polar pour décrire la société. C'est même devenu presque incontournable dans le genre. Il y en a qui le font extrêmement bien. Ce n'est pas le cas dans ce roman. Cela tourne rapidement au procédé avec des retours en arrière nombreux et poussifs qui font perdre de vue l'intrigue générale sans nous apporter grand-chose.
Tout le monde y passe : des jeunes, des extrémistes de droite, des bourgeois, des immigrés, des bonnes sœurs, et un romancier (le portrait le plus intéressant à mon avis). Je ne parle pas de cet étrange féminisme selon lequel l'épanouissement des femmes ne peut se faire qu'en se séparant des hommes (imagine un instant le discours inversé dans la bouche d'un homme...)
Si le roman ne fonctionne pas, c'est que, tout en assénant ses portraits très explicatifs, il échoue à faire comprendre les motivations du personnage principal : son évolution finale m'a laissé sur une sorte d'indifférence ennuyée.
C'est un des mes préférés. Houellebecq est un grand romancier. Pas de style éclatant, pas de démonstration poussive, il y a une simplicité étonnante dans sa manière de raconter une histoire en mêlant la matière romanesque à la réflexion.
Il n'empêche que le roman se lit facilement. On le suit là où il nous mène : qu'il se mette en scène, qu'il bifurque vers le policier. Houellebecq peut tout se permettre parce qu'il maîtrise la technique romanesque. Les personnages sont campés en quelques mots. Malgré l'économie de moyen, on est avec eux.
Pourtant, on est en-dessous des autres œuvres de Houellebecq. Tout y paraît plus sage, plus lisse. L'auteur se débarrasse de lui-même comme s'il sentait que ses romans tournaient au procédé. Ainsi, l'histoire d'amour qui éclaire l'obscurité de ses histoires est ici placée au début. Et puis, c'est moins fort, moins drôle, moins méchant. Même ainsi, il reste loin au-dessus du lot.